30 septembre- Marché

Aux heures noires des matins d’automne
Les commerçants allument les lampions aux étals
Les boules de lumière tintent et dansent au vent
Au sol les rigoles de pluie dissolvent le goudron
Le bitume se dérobe sous les pieds
Saupoudré des miasmes du monde
Les feuilles qui l’été ont chatouillé les cœurs
Pourrissent dans un ultime souffle rouge
Dans un clac on guillotine les réverbères anémiés
Dans une flaque tombent leurs têtes rouges ou blanches
Le marché est désert, ça fleure les fruits et les bonbons
Passants et marchands semblent tristes ou bien
Encore prisonniers des langueurs du sommeil
Remontent l’écharpe et le col pour le retenir
Bientôt la vie coulera le long de l'artère

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Chouette, on dirait que quelqu'un te drague

N./ a dit…

*Stephleetc. : ah bon, alors c'est carrément un scoop... (?)! Mais tâche de formuler tes commentaires dans une tonalité qui admet que cela peut arriver, merci :-). Bijoux.

Anonyme a dit…

Pour la drague je ne sais pas, mais en tout les cas ici, les matins d'automne ne sont pas noirs, mais dorés (sacrément)...
Baisse de moral ou
rues étroites ?

N./ a dit…

* Bonjour Joruri... Non, aucune baisse de moral. Quant aux rues, je les préfère étroites aux noms de fleurs ou de poètes que boulevards aux noms de généraux :-). Non, ce poème est doux, vision du boulevard Arago hier matin, lorsque la nuit était encore là. Réveil en douceur, tout est ralenti, on entend encore les pulsations de la pluie, des arbres et du vent avant le réveil complet de la ville. Après l'avoir écrit, je me suis dit que j'avais désormais une affection particulière pour ce texte. Ca arrive parfois de se sentir proche d'un texte plus que d'un autre. Ces scènes ravivent des moments de l'enfance, lorsque je remontais le boulevard Mortier pour aller en cours à 8h au collège, le jeudi il y avait le marché et en hiver et en automne ce genre d'instants...

Anonyme a dit…

Ah je vois. Je pressens ce que peut être cette nostalgie...d'enfant heureuse, sans grand risque d'erreur.
Je ne sais même pas de quelle ville vous parlez; Paris sans doute mais peu importe, je suis un rat des champs. Mes "rues" préférées sont bordées de pins de boulange...

N./ a dit…

* Joruri, oui, Paris, et oui une enfance heureuse, mais non, pas de nostalgie... chaque tranche de passé est un crayon qui poursuit son chemin en moi. Il ne s'agit pas de se retourner pour regretter mais de le laisser vivre en soi, avec ses collines et ses trous noirs. C'est pour cela que j'aime ces sensations/souvenirs qui remontent d'un coup et rappellent que nous ne sommes pas un, que nous ne sommes pas seul, que nous sommes toujours, au moins, un avant, un présent et, si possible un devenir. Et le devenir le long de chemins bordés de pins de boulange doit être savoureux de couleurs, d'odeurs, de silence et d'horizons.