26 septembre- Pédagogie

Ce soir j’ai vu un beau père, ou plutôt un père qui était beau, avec son fils, de cinq ans au plus, dans une rue du 5e arrondissement (logique, tiens et si nous grandissions par arrondissement parisien puis, une fois les vingt ans dépassés par département jusqu'au 97? Idée romanesque déposée, copyright KKhuette). Revenons... là, ici, à l'histoire... Donc je les regardais tous deux remonter la rue… bande de p'tits bonhommes va ! Mon coeur d'artichaut s'emplit de mansuétude devant cette vision car... (je règle à cet instant présent des points de supension un moment douloureux de mon passé, celui où en 5e -encore!- mon professeur de français nous mit au défi de trouver une phrase d'auteur débutant par "Car". Car... cela n'est pas français grammaticalement, affirmait-il, de débuter une phrase par "car". Il promit la récompense d'un 20/20! Wouah, 20/20 en ne faisant rien! Je me dis alors que le soir même , je relèverai le défi en demandant à ma môman, professeur de français itou et plus forte que tous les zôtres profs, de français ou pas, de m'indiquer une phrase débutant par "Car" -en trichant quoi...-. Mais, dans la demie-heure qui suivit, mon camarade de classe, Aël, trouva dans notre manuel de classe, l'extrait d'une oeuvre dans lequel figurait une phrase débutant par car. Il obtint alors son 20/20 et riva son clapet à un vrai adulte. J'appris ce jour-là à ne jamais remettre au lendemain ce que je pouvais faire aujourd'hui et à associer de manière irréversible le mot "car" à son "i" pluôt qu'a son "orni", mais j'ai l'immense plaisir, tout de suite maintenant et toute auteure que je ne suis point à débuter une phrase par "car". Attention, regardez bien) Mon coeur d'artichaut s'emplit de mansuétude devant cette vision... Car j’aime les hommes, leur pudeur, leur douceur craquelée, révélée à l’aune d’un sourire de gosse ou de l’épaule d’une femme qu’ils aiment. J’ai de la tendresse et de la compassion pour le rôle que, d’une manière ou d’une autre, à un moment ou à un autre, ils doivent endosser. Bref, revenons à ces deux là qui remontent la rue Henri Barbusse, tous deux plongés dans une conversation de mecs. Ca se sentait, ça se voyait, le genre de conversations où une femme, même maman, n’a pas de place. Comme dans les films en somme. J’étais béate devant la poésie de la scène et l’émotion que j’en dégageais, je voyais déjà le haut de mon blog, à défaut de l'affiche, orné de vers émouvants pour vous transformer en escargots bavant de larmes tout le week-end durant. Tournant la tête l’un vers l’autre, ils ne regardaient plus devant eux, gesticulant de mains et de sourires, d’yeux écarquillés d’enfants. Puis les voici arrivés à ma hauteur, si je puis dire. "Tu vois", continue le papa, "l’argent a été inventé pour ordonner les choses, pour que le monde soit plus simple. Par exemple, on a pris la tomate et on a dit, tiens une tomate ça vaut tant ". Je me suis dit alors que de trois choses l’une, soit le papa n’était pas pédagogue, soit le papa n’était pas poète, soit son p'tit bonhomme était sourdoué au point d'être en avance sur moi! Je me suis dit aussi beaucoup d’autres choses mais je les ai oubliées depuis afin de continuer à écrire.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai que tout est désormais tellement simple ;)
De la mansuétude pour les
hommes ? C'est trop d'honneur...

N./ a dit…

* Bonjour Joruri, de la mansuétude, oui, toujours, c'est une forme d'espoir. Et puis j'ai autour de moi et je rencontre parfois tant de gens qui en sont dignes... Bon, évidemment, les chats c'est pas mal non plus :-)