25 janvier- Zut pour rester polie

Lorsque le vin hisse ses notes de résine
Jusqu’aux bords frémissants de mon cœur
Il avive ton absence, floute mon existence
Je voudrais t’appeler pour te dire, te parler
Si encore j’étais sûre que tu saurais écouter
Les mots liquéfiés et les maux en caillots

Je pense que c’est injuste que là
Sous mon sein gauche tu te sois implanté
Aies hissé ton drapeau aux couleurs du désert
Que je n’ai pas mérité de vivre ça

Et je pense que si le vin ne hissait plus ses notes
Partition de désirs et d'ailleurs utopiques avec toi
Il raviverait mon absence et tu disparaîtrais
Ombre, fantôme des possibles, tu t’évanouis déjà
Car je n’oublie jamais qu’avec toi petit prince
Je suis plus seule qu’avec moi

23 janvier- Hier

Ronde, pleine
Lourde de miel
La lune hier
S'est adossée
Aux cheminées

22 janvier- Rose

Au-dessus de la mer
Le soleil s’est couché
Les flamants roses envolés
J’ai caressé ton dos
Et aperçu des dunes
De sable rose
De sable fin
Rose des sables
Sous ma main

17 janvier- Un au revoir

Sur une plage de nuit
Dans un accès de fièvre
Ou un excès de rêve
Je t'ai vu t'éloigner
Baluchon sur le dos
Foulant le sable noir
J'ai suivi ta silhouette
Jusqu'à ce qu'elle rejoigne
La cime des montagnes
N'ai pas vu ton visage
Je ne sais pas si tu pleures
Ou souris aux étoiles
Au réveil soulagée
Légère enfin mais vide
Je n'ai plus rien à dire

12 janvier- Pour Cécile

Danse, tu es une flamme
Dans ta robe rouge
Juchée sur tes talons

Danse, tu es belle

Ferme les yeux
Reste avec toi
Ne les regarde pas
Ondule et bouge

Je t’aime mon amie

Te voir là en vie
Dans ton corps
Tes deux pieds au sol
Pour mieux t’en éloigner

Ton âme se délite

Tu arpentes la
Partition de musique
Comme chaque jour
On essaie de faire son chemin

Les notes deviennent tiennes
Brunes comme tes cheveux
Tu grimpes dessus
Les domptes d’un lasso

Parmi toutes et tous

Tu es la plus belle
Au milieu d’eux
Et dans ta danse libérée
Femme assumée
Je vois le chemin parcouru
A tâtons puis à talons

Dans ta danse ce soir

Je sens des moments de ta vie
Et ceux passés
A parler ou à rire
Pour dissiper les nuages
Dans ta danse ce soir
C'est toi et puis
Notre amitié que je vois
Danser

11 janvier- Douceur

Y a de la douceur dans l’air
Plus de gants en scooter
Les branches des arbres
En souffle caressent mes jambes
La brise effleure mon visage
Pelage soyeux du chat
Ses langues en rubans
Enrobent les émotions

La Seine est lustrée
Semble rompre ses glaces
Le vent suave abrase
Je voudrais me coucher
Sur lui comme sur un oreiller

10 janvier 2008- Marché d'Aligre

Dix heures et pourtant il semble que le jour vient de se lever tant il stagne au ras du sol. L’air est épais de particules de soleil, comme autant de bulles concentrées d’étincelles. Le froid resserre la lumière et les mains dans les poches.

Au marché d’Aligre, veille de Noël, c’est le rush; produits à profusion rivalisent de formes, de couleurs, d’odeurs. Dans le café, peu de conversations, 10 h est l’heure passerelle entre les lève-tôt et les lève-tard, heure en suspend. Les commerçants sont là depuis l’aube, luttent pour ne pas sombrer dans le sommeil tandis que les chalands émergent à peine. Le boucher et le boulanger entrent pour faire la monnaie. Sur le comptoir, tasses de café côtoient verres à pied. Un homme entre, se prend les pieds, justement, dans le panier d’une jeune femme et peut-être est-ce, au seuil de cette porte, le début de leur histoire. Nous sommes seuls à savoir ce dont nous rêvons la nuit et ce qui nous jette dans la rue un dimanche matin. Sur la porte d’en face, j’aperçois le logo des boulangers… Un jour, un astronome m’a écrit pour me signaler que l’image était fausse car, à l’heure où le boulanger enfourne son pain à l’aube, la lune ne peut être positionnée ainsi. Certes, mais on écrit bien jus d’orange sans –s- à oranges alors qu’il y a forcément plusieurs oranges.

Teint cireux, cernes sous les yeux, la lumière manque, ici et partout, dans les étoffes de l’hiver. Les cris des marchands éclaircissent le ciel, évacuent les nuages. Les rues s’encombrent, la foule réchauffe et comme chaque fois je me demande comment il est possible d’être si seul parmi tant de personnes, d’être si là et tellement ailleurs. Gagnerons-nous et contre quoi ? Je sais que tout reste à venir, le meilleur et le pire, et celui qui me vend cet ananas semble le savoir aussi.


Nota Bene: j'ai rencontré quelqu'un lorsque j'avais 14 ans, ne l'ai jamais revu et pourtant, curieusement, je n'ai jamais pu oublier que son anniversaire était le 10 janvier. Alors... bon anniversaire Martial.

8 janvier- Premier....

.... dessin littéraire

6 janvier- Source

Le long d'une solitude serpentine
L'homme a soif d'eau douce
Pour baigner des pieds meurtris
Par les chemins sablonneux de sa vie
Blessés par les silex de l'expérience
Brûlent lorsqu'on les frotte
L'eau douce pour biffer
Les bleus des coudes, des genoux
Culbutes sur des histoires
Closes, galets glissants

Une source d'eau douce
Dans les clairières de sa mémoire
Puisée dans l'étincelle d'un regard
A la lumière chiche des souvenirs
Ou dans l'espoir du devenir

5 janvier- A un ami

L'année dernière j'ai appris
Qu'il y a pire
Que de voir un ami pleurer
Il y a le voir
La gorge nouée
Ne pas y parvenir

4 janvier- Ecrire

Ecrire c'est souffler des mots
A l'oreille du néant
Pour lui dire
Tout revient sur toi
Graver sur sa peau
Des lettres qui s'enlacent
Sur son épiderme impriment
La trace de leur passage
Cicatrice lignes directrices

Ecrire c'est t'inventer
Nous faire exister
Génie de ma lampe
Lorsque ma main se tend
Et ne trouve que le néant
De l'absence abîmée
J'esquisse pour toi
Une ligne d'horizon
Sur laquelle nous pourrions
Marcher les yeux dans les yeux

Ecrire c'est savoir
Que si je n'ai plus rien
Parce qu'une nuit tu parviens
A déserter mes rêves
Me laissant ballotter
Fragments d'espoir
Au gré du néant
Algues dans ses flots
Je trouverai forcément quelqu'un
Phare ou amarre
Pour me prêter un stylo

2 janvier- Bonne année à tous!

Je rêve le monde
A la lumière d'un songe
Noyé de bleu, de vert
Du silence en roulis
Des flots écrémés
Qui haranguent la terre
Je rêve le monde
A l'aune d'une seconde
Où bloc noir luisant de blanc
Surgit sa majesté l'orque
Pour croquer l'éternité immobile
A la croisée du ciel et de la mer