31 juillet- Dans le noir

Dans le noir il la frôle
Lui conte son histoire
Il y a du bruit
Lui conte son histoire à l’oreille
Ses cheveux caressent son visage
Il lui conte une histoire
Ce n’est pas la sienne
Dans le noir
Il a ramassé les débris
Des histoires des autres
Et les a réunis
Chimère d’un soir dans un bar
Il lui conte son histoire
Et elle le croit
Elle le frôle dans le noir
Saisit sa main
Peu importe l’histoire
Pourvu qu’on la lui conte
Dans le noir
Elle pourra s'assoupir
Enfant apaisée après
Une journée
Longue comme des saisons
Et ses rêves commenceront
Par il était une fois

28 juillet- Recette pour passer maître du soleil

Il doit y avoir du soleil, même peu.
En ce moment, c’est possible, dépêchez-vous
Passez du vernis incolore sur l’ongle du gros doigt de pied
Allongez-vous face au soleil comme pour bronzer
Levez la jambe gauche pour toucher le ciel
Fermez l’œil gauche
Ou bien levez la jambe droite pour caresser un oiseau
Fermez l’œil droit
Alors vous verrez
Un rayon de soleil s’accrocher à votre ongle

Un rayon de soleil au bout de votre pied
Tournez, descendez, dessinez, écrivez ou pourfendez
De ce rayon faites ce que vous voulez

23 juillet- Bricolage (1?)

Hier, j’ai fait du bricolage. Si, si. Et si, justement, je savais dessiner, j’aurais pu croquer en trois vignettes la situation. Hélas, je ne sais pas dessiner mais comme il y a des gens qui ne savent pas écrire, me voici rassérénée.

Donc, le bricolage existe, schématiquement, sous deux formes : le bricolage constructif et le bricolage déconstructif (et hop, j’invente un mot au passage). Exemple pour illustrer : on monte une étagère ou on démonte une étagère. Je me souviens avoir sur ce blog établi une liste des trucs énervants dans la vie, eh bien j’avais oublié le bricolage (et les déménagements aussi).

Hier, je me suis attelée au démontage des portes d’un placard, sept portes en tout. Un chiffre lourd d’une symbolique -les sept péchés capitaux, les sept nains, les sept jours de la semaine et… le huitième jour, les sept merveilles du monde et cette huitième qu’on attend toujours, le septième ciel…(sans commentaires)- qu’il me fallait d’abord mentalement évacuer pour me convaincre que je ne m’attelai là qu’à du bricolage déconstructif.

En équilibre précaire sur une chaise IKEA en plastique orange, j’ai entrepris le dévissage. Au début tout allait bien, je gambadais, alerte dans la prairie du bricolage déconstructif, durant trois minutes au moins. Puis je suis tombée sur une vis retorse. Une vis, métaphore de l’esprit du type qui avait dû monter ces portes : on serre les boulons, on ressert encore. Il devait être un p’tit peu énervé ce jour-là ou bien, chaque jour et tous les jours, ce n’était pas un marrant. De mon côté, je me suis demandé pourquoi la vie devait parfois se montrer si difficile et pourquoi dévisser une porte pouvait soudain devenir obstacle insurmontable dans mon humble existence. Et pourquoi il était laissé aux objets le droit de se montrer tout aussi rétif et alambiqué que les êtres humains alors que nous étions censés, en concepteurs, les dominer. Beaucoup de pourquoi donc.

Je finis néanmoins par venir à bout de cette vis et de mes pérégrinations mentales d’énervée, non sans transformer cette vis en défi personnel. Je me tournai alors pour m’atteler à la porte suivante pour m’apercevoir, vu sa disposition, qu’il me faudrait la dévisser de la main gauche ! Scandaleux. Un nouveau challenge pour bibi quand le démontage d’un placard devrait relever d’un simple fait, « hier, j’ai démonté mes placards. Point. ». Là, il m’a fallu réfléchir… Le tournevis dans la main gauche, je pris rapidement conscience du fait que mes bras n’étaient pas musclés, mais alors pas du tout, et repensai aux commentaires très utiles des copains lors des déménagements successifs. Au moment où, après avoir tenté toutes les positions pour attraper un carton lourd de livres, on le tient enfin bien en mains, une voix, masculine toujours, s’élève qui dit : « non, tu ne portes pas bien là, tu portes avec le dos, c’est mauvais, il faut porter avec les bras ». Debout, avec les 25 kilos bien calés, on attend que la fin de la diatribe soit suivie d’une action de délestage de carton, mais non... C’était juste pour parler, pour dire un truc. Je me disais donc que si j’avais « bien » porté tous les cartons bougés des années durant, je ne me trouverais pas fort dépourvue lorsque cette vis serait venue.

J’ai, à mon tour, eu recours aux subterfuges psychologiques pour avoir raison de cette porte de gauchère, imaginant à la place des vis tout un tas de faciès connus sur lesquels me dépenser : un à un, je les ai déboulonnés, au propre et au figuré. Et, après avoir égratigné le tournevis et le pas de vis, j’ai fini par enlever la porte. Et de deux ! Non mais dis donc…

C’est alors que, après avoir déposé la porte au sol, au moment où j’entreprenais courageusement la suivante, mentalement préparée pour affronter des nouvelles difficultés, je ne trouve plus mon tournevis. Je le cherche, restituant mes gestes depuis le haut de la chaise au sol où j’ai posé la porte. Mais, pour que la vie soit facile, le tournevis est transparent ! Pratique ! Là, je sens la moutarde me monter au nez et suis en passe d’appeler à l’aide. Mais je me dis : « allons, courage, tu en as vu d’autres ! Un tournevis ne saurait avoir raison de ton mental » (puis blanc), puis : « Argh, où qu’il est ce p… de tournevis ?! ». Car, logiquement, il est forcément quelque part…

Il va falloir, pour finir le travail, aller chez M. Bricolage pour acheter un nouveau tournevis et l’entreprise de démontage, qui devait nécessiter une demi-heure, va se transformer en soirée entière… Ah non, sur une planche que jamais je n’ai atteinte durant l’année où j’ai habité ici, je retrouve le tournevis, pas visuellement, tactilement, du bout des doigts. Mais là, voilà, j’ai perdu confiance. Remontée en équilibre sur ma chaise, à démanteler une autre porte de la main gauche, je me dis que je vais tomber, que ma tête va cogner contre la table, que je m’affaisserai sur le carreau et qu’on ne retrouvera mon corps que dans plusieurs jours, lorsque les pompiers commenceront à dénombrer les morts d’une éventuelle canicule. Que je mourrai, assassinée par la septième porte… Toutefois, ne pouvant souffrir d’annoncer à autrui que je n’ai pu démonter que trois portes sur sept, car il ne s’agit pas de la bonne moitié et qu’une seule manque pour que l’honneur soit sauf, j’attrape le tournevis et je tape contre la porte, trois coups vigoureux, et voilà, elle tombe.

Moralité : pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Résultat : KKhuette VS placard, KKhuette wins. Cinq portes sur sept démontées, ça s’appelle être une bricoleuse du mardi.

22 juillet- L'écureuil bleu

Une histoire écrite il y a deux ans (cf. blog d'hier), qui suivait le portrait de huit personnages. Dernier personnage de la troupe névrotique, un écureuil volant.

Cet écureuil volant, je l’ai trouvé dans les affaires laissées par Aurèle après que nous nous soyons fâchés. Il dormait tranquillement entre les pages d’un livre, je ne sais plus lequel, mais je retrouverai. Par mails interposés, j’ai demandé à Aurèle d’où venait cet étrange petit animal. Dégradé de bleu sur tout son petit pelage, du bleu marine au bleu azur en passant par le bleu roi ou électrique (du côté de l’œil gauche, bleu également). Aurèle (qui regrette amèrement d’avoir oublié l’écureuil) me dit l’avoir trouvé dans une ruelle malfamée de New-York, aux abords d’un sex-club où il tentait, une nouvelle fois, de se fixer quant à ses orientations. Ce petit écureuil volant, Aurèle l’a vu tomber de la poche d’un personnage bien connu, Phalène, mais devant la masse dudit personnage, Aurèle a estimé qu’il saurait bien mieux s’occuper de ce petit animal délicat. Et voilà comment c’est finalement moi qui l’ai récupéré.

Il est petit, il tient dans le creux de ma main et apprécie particulièrement les grandes virées en cheval d’acier à la recherche des cybercafés. Il aime aussi s’endormir en se nichant dans le creux de mon genou droit (celui qui, d’un mouvement souple, me permet de parachever les fresques picturales dessinées par mon pied droit). Lorsqu’il s’endort, il ronronne comme un chat mais parfois il fait semblant de dormir et, alors que je m’assoupis, hop il me griffe ou me mord gentiment. Il semble très joueur.

Cet écureuil, il est petit mais je le soupçonne d’être encore un bébé écureuil, de sorte qu’il risque de grandir. Peut-être même que sa bouille va muter ? Je compulse les livres et articles sur le sujet sans trouver encore de réponse sur la taille définitive qu’atteindra ce p’tit être ni sur les transformations que pourra connaître son joli minois. J’ai seulement cru comprendre qu’il s’agissait d’une espèce particulière, fruit d’un mariage mixte entre marmotte des neiges et chat de gouttière. Sur sa p’tite tête, il a une houppe blonde et je l’imagine être « le blond » du troisième spectacle de Gad.

J’ai découvert il y a peu qu’il volait. Il semblerait que, parmi ses p’tites quenottes s’en trouve une particulière, offerte par un komodo dont il avait caressé les écailles. Le komodo souffrait depuis des années d‚une démangeaison dans le dos et ne trouvait personne, en raison de sa réputation de vilain dragon, pour le soulager. L’écureuil, candide, naïf et innocent, accepta et, en échange, le komodo lui offrit une dent. Chaque fois qu’il veut voler, l’écureuil titille cette dent et voilà c’est parti ! C’est grâce à ce procédé magique, que je n’ai pas encore identifié mais qu’il conservera tant qu’il n’aura pas donné sa langue au chat, que ce petit écureuil est parvenu, entre autres, à faire le tour du monde en 80 jours.

Bon, cet écureuil, je le découvre au fur et à mesure, et on essaie de s’apprivoiser. Il a l’air un peu timide mais il commence à gagner en assurance. Et il sait écrire ! Il est capable de rétracter ses griffes de chat pour taper sur un clavier. J’ai été surprise de voir qu’il a du vocabulaire et même du répondant, qu’il semble avoir acquis, entre autres, en s’endormant sur les mots et les histoires des quatrièmes de couverture des livres d’Aurèle. Evidemment, parfois il oublie des mots mais bon, en même temps, c’est un écureuil !

Cet écureuil ne mange pas de noisettes mais se nourrit essentiellement de sushis, de makis et autres chairs crues de poissons, ce qui me pose de sérieuses difficultés parce que je suis obligée de courir la cité sur mon cheval d’acier pour chercher de quoi le ravitailler. Parfois, je suis obligée de le laisser à la maison parce que, là où je vais, je crains qu’il prenne froid, qu’on me le vole ou qu’il tombe de ma poche. Parce que, plusieurs fois, l’écureuil volant bleu est tombé, lorsqu’il apprenait encore à voler. Depuis, il s’est familiarisé avec les chutes et ne les craint plus. Mais tout de même, je le ménage, parce que je veux tester ses limites de résistance avant de le confronter à l’extérieur et de le faire passer à l’action.

L’écureuil bleu, je le regarde comme un phénomène : en entomologiste, je l’observe. Ses yeux semblent tout le temps me sourire mais je ne doute pas du fait qu’ils cherchent aussi à me débusquer. Parmi tous les écureuils volants bleus, celui-ci a une particularité : il ne parle pas. Enfin, parfois il baragouine des trucs, du genre langue exotique que je ne comprends pas. J’ai beau le chatouiller, lui tirer les moustaches ou lui piquer la plante des pattes : rien. Mais il y a peu, miracle : une phrase ! Il m’a dit qu’il gagnait à être connu. Je lui ai alors répondu qu’on gagne toujours à être connu, et que la véritable question était plutôt : qu’est-ce que les autres gagnent à le connaître ? Il est resté sans voix.

21 juillet - Cédric- Place des Vosges

Il y a longtemps maintenant et pourtant…
Si j’étais animal, je serais un chameau

Tu t’appelais Cédric et ça ne m’allait pas
Dans ma tête je t’avais surnommé p’tit chat
Tu avais des yeux bleus, un sourire poupin
Et des boucles de châtain

En me faisant rire tu as allumé
Une vaillance à l’aune d’un défi
J’attendais tes messages,
T’écrire, objet de mes journées
Te lire, onguent de mes soirées

Des rires, éclats d'enfance
Jeux de gamins tempérés

D'une douce sagesse
Ressuscités les monstres antiques
Les dragons, les flammettes

Crinières vertes et casquettes
Camus, chevalier d’or du Verseau
Les manteaux violets et les lourds bracelets
En commun des héros policiers
Pour toi dans la presse j’avais signé
Un article du nom de Fantômette
Clin d’œil à ciel ouvert survolant tout Paris

Je t’avais écrit l’histoire d’Aurèle et de ses amis
De leur écureuil bleu et elle t’avait ému
Tu m’avais demandé de lire
Les Cerfs-volants de Gary
Toi et moi dans le même espace temps
Jamais tu ne m’as déçue et pourtant
J’en ai tendu des pièges

Un soir nous avons dîné
C’était dans le Marais
La nuit avançant, tu m’as raccompagnée
J’ai voulu t’embrasser
Tu m’as repoussée
Et c’est le long des grilles
De la place des Vosges
Que nous nous sommes quittés
Là que mon écureuil bleu s’est envolé

20 juillet - Laurent - Place Vendôme

Nous nous étions retrouvés place Vendôme
A l’époque, je lisais un roman qui débutait par la découverte d’un corps suspendu à la colonne de cette place
En t’attendant, j’ai failli rebrousser chemin huit fois au moins
L’endroit était désert, les bijoux eux-mêmes avaient abandonné leurs vitrines
Leur prix seuls, exorbitants pour du néant
Tout me semblait prémonitoire, il faisait froid, il faisait nuit
Et puis tes yeux verts en coquillages et un sourire effilé d'une ironie acérée
Impeccable dans un costume gris
Et tout ce qui allait avec, gentleman-cambrioleur d’une nuit
On s'est juchés à deux sur un moment nacelle
Sans futilité nous nous sommes racontés
De restau en bar, ta fille et ta vie là-bas, mes héros de polar et ma vie ici
Je ne parvenais pas à regarder tes yeux, je n’ai jamais bien su mentir
Tes paroles à mon égard en couteaux, tout chez toi découpait
Disséquée, émincée
Tu étais bloc d’une belle pierre, fissurée par endroits
J’aurais aimé avoir les outils du sculpteur ce soir-là
On a coulé ta pierre et mes morceaux de chair dans des étreintes tendres
En parenthèses du monde, de la douceur à en pleurer
S'arrête la pensée, repos du guerrier
Et la découverte au matin de l’aube hivernale sur Paris
C’est sous les arcades de la rue de Rivoli que nous nous sommes laissés
Sous les arcades de la rue de Rivoli que toi et moi nous sommes arrêtés
Un souvenir depuis est suspendu à la colonne de la place Vendôme

18 juillet- Réveil

Au matin le songe a laissé là
Les fantômes des figures
Qu’il a lui-même édifiées
Et il faut se débrouiller
Obscurité barbouillée de clairs-obscurs
Virevolte
dans une mémoire
Ensommeillée
Que dis-tu, parle plus fort
C’est moi que tu laisses-là
Devant une maison sans clés
Et qui dois démêler sur mon écheveau
Les moments que je vis
De ceux que je rêve
Au fond, ce sont bien les mêmes

16 juillet - Animal hybride

Ma tête suit le rythme du scooter
Se pousse vers l’avant en tortue
Lorsque j’accélère
Mes jambes en pinces serrent le cheval d’acier
Mes yeux sont capables de jeter des regards vers l’arrière
C’est le caméléon
Je vole en oiseau, me faufile en serpent
Félin à l’assaut d’une ville laissée là par l’été
Je m’arrête pour que passent les piétons
Comme les vaches cessent de brouter lorsque passe le train
Dès que je monte dessus, les cinq sens en alerte
Eveillent l’animal hybride qui habite avec moi

13 juillet - Regret

Je t’ai raté
Beau brun au regard bleu
Moi qui le matin même écrivais
Sur les croisées des chemins

Dans ce train j’aurais pu
M’élancer sur la corde
Tendue entre nos yeux
Te laisser dans les mains
Un morceau de papier

Le hasard est bien pingre
Et moi je savais bien que

Si je ne faisais rien
Je le regretterais
Et puis je n’ai rien fait

Ainsi trotte ma vie
Sans pouvoir s’arrêter
Là où les douces chaleurs couvent
Des aiguillons glacés
Au coeur où
Jamais la raison ne sait dompter
Des rêves en flots précipités

Si tu ne tends pas ta main
Je ne la saisirais pas
Et voilà qu’il est temps, déjà
De descendre de ce train

11 juillet - Rues

Les rues se croisent
Moments
De rencontre
Tresses de chevelure

En parallèle j'ouvre
Les chemins
Perpendiculaires
Aux tiens

10 juillet-Nouveau blog

Il y a un mois, lorsque j'ai quitté mon poste et le 16e arrondissement, mes collègues m'ont offert -entre autres- une peluche de Ratatouille, en hommage à l'affection que je porte au dessin animé et à son petit rat bleu. Je leur ai alors promis de lui faire vivre des aventures, c'est pourquoi j'ai ouvert, il y a deux semaines, un nouveau blog, de photos, le blog de ratatouille: www.leblogderatatouille.blogspot.com. J'essaierai de l'alimenter, même si je ne possède pas d'appareil photos et qu'il n'est pas toujours aisé de se balader avec Ratatouille. Un blog à suivre alors? A vous de voir!

9 juillet- Les mouettes

Vers dix-huit heures les mouettes élancent un ruban argent au-dessus de la mer. Elles sont des centaines, frôlent l’eau et se frôlent des ailes, dessinent des tunnels dans les airs. Elles pêchent en dansant, leur vol blanc sur le bleu des flots éclate comme la glace. A Paris, leur cri déchire le ciel comme s’il était un drap.