9 juin- Bribes de 16e (2)

Voici ma dernière semaine dans le 16e arrondissement, alors je continue… Après quelques échantillons d’humains, voici les animaux du quartier.

Les étourneaux tout d’abord, au sujet desquels j’avais écrit l’année dernière si ma mémoire est bonne. Ils sont là l’hiver, quelques minutes avant 17h puis entre 16h30 et 17h à mesure que les jours raccourcissent. Quatre mois durant, ils étaient mon horloge et leur vol, en groupe épais et virevoltant, mon morceau de nature sauvage dans la cour de l’avenue d’Eylau. Ils étaient beaux ces étourneaux, j’aimais leur vitesse de groupe en fusée, l’idée que leur envolée me renvoyait chaque soir : l’étourneau n’existe pas seul, il n’y a pas un mais des étourneaux. Je regrette de ne pas avoir noté, comme pour les hirondelles, le premier puis le dernier jours où je les voyais.

Toujours niveau oiseaux, j’observe, tous les matins depuis plusieurs mois, un énorme pigeon, propre sur lui, un pigeon version 16e. En toute discrétion, il se pose chaque matin sur les jardinières de l’immeuble d’en face et, de son bec en sécateur, coupe des herbes pour confectionner un nid qui ne semble jamais être fini. Mon pigeon (MON pigeon), je l’ai prénommé Sisyphe. Il a élu domicile au creux d’une corniche de fenêtre, tout à fait laide mais douillette et, il y a peu, j’ai enfin aperçu la raison de tant de labeur matinal, j’ai vu Mme Pigeon qui n'a franchement rien d'exceptionnel.


Côté animaux à quatre pattes, le chien est l’espèce prédominante de l’arrondissement. J’en vois beaucoup et en connais quatre. Vers 10h chaque matin, promenade de deux lévriers anglais. Ces chiens ne sont pas beaux, mais comme je ne fais pas plus de discrimination physique pour les hommes que pour les chiens… je les aime bien quand même. Ces chiens sont promenés par des « gens de maison » comme on dit. Cela se voit : l’homme qui les promène ne semble guère avoir conscience de la majesté de ces canidés et fume négligemment sa cigarette en attendant que les besoins se fassent. Ces chiens ne semblent pas toucher terre, ils foulent le bitume comme on marche sur de la soie (enfin, j’imagine). Même leur bout de nez… leur tête est si longue qu’il semble toucher les nuages. Ils ont un port altier, de l’allure mais ils n'ont, en revanche, pas l’être des gros fêtards. Ils croisent parfois un autre chien et le toisent avec superbe.

Celui-ci arrive vers 10h30, lui aussi à la laisse d’un « gens de maison ». Alors lui, c’est un bouledogue, ocre et blanc. Ras la terre, sa langue pend car il a toujours la gueule ouverte comme s’il avait soif et un petit filet de bave entre les canines. Il a des yeux marrons et globuleux tout à fait inexpressifs, des petites pattes bourrelées et il roule des fesses. Il marche assez lentement et semble dubitatif. Il se dandine. Autant le dire, il n’est pas très beau mais par contre, il a l’air d’être sympa : les gens (pas de maison, de la rue), des enfants, s’arrêtent pour le caresser et il attend, patiemment, que ce soit fini. Ce chien, c'est un chouette chien.

Enfin, dans un magasin juste en bas, qui vend des ustensiles de cuisine et où la première poubelle, bas de gamme, vaut 250 euros (sans compartiments de recyclage), il y a un labrador blanc. Depuis deux ans que je fréquente le quartier, je n’ai jamais vu ce labrador en position debout mais toujours affalé à l’entrée, en carpette. Il est beau, n’a pas l’air méchant du tout, juste un peu lascif et désabusé, les yeux fermés ou levés vers le ciel.


Et puis dans mon 16e, il y a un chat. Seulement un et encore il n’est pas toujours là, je le soupçonne d'être seulement de passage parfois à Paris mais de faire sa vie de chat ailleurs. Il habite le rez-de-chaussée d’un immeuble dans une rue derrière et se trouve parfois derrière la fenêtre. C’est un chat normal, un chat « de base », mignon, blanc et marron écaillé. Lorsque je fais des mouvements avec ma tête derrière les carreaux, il les reproduit comme pour me faire un énorme bisou du bout de son petit nez humide. Si je reste un peu à poursuivre mes mimiques, il finit par se mettre sur le dos, sur le bord de la fenêtre, et à se tortiller comme si je lui grattais le bidou. Ainsi lui et moi nous sommes-nous prodigué quelques câlins par procuration. Voilà, et avant de partir j’essaierai d’illustrer ce blog…

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