19 juin - Carnet de voyage (1)

Je suis à Haouaria (allez hop, tout le monde sur Google Maps), dans le Nord de la Tunisie. Nous sommes venues depuis Tunis, en 4x4 des années 80, du genre tout le monde se range devant ce tank. Pas bien rassurée au départ, j’apprécie finalement la conduite de l’engin, notamment sur les pistes et routes défoncées d’ici. Le voyage est beau. Traversée de montagnes, petites mais verdoyantes, route le long de champs tout juste moissonnés, vision du sable rouge, par les fenêtres le vent atténue la chaleur. Il y a dans les paysages une anarchie de couleurs et de formes, champs contre terre battue, collines contre terrains plats, arbres contre cultures, bleu de la mer contre le vert de la végétation. J’aime ce côté non rangé. Je sens des odeurs familières mais lointaines... mélange de cactus, de foin, de palmiers sur fond d’aridité. Sur le bord des routes, des enfants brandissent des galettes de pains. Par erreur, nous faisons un détour par Korbous, ville des thermes où trois sources d’eau chaude se jettent dans la mer. Sur le chemin, la mer surprend au détour d’un virage. Elle éclate, la baie toute entière scintillante de lumière à la fin de l’après-midi. Entre Korbous et Haouaria, des hommes traversent sous les roues des voitures, marchent, mais où vont-ils ou d’où viennent-ils ?, ou sont assis au bord de la route. Il y a forcément un sens… Des femmes aussi, âgées, aux visages tannés, les cheveux remontés sous des foulards rouges, pas voutées mais repliées sur elles-mêmes, sont là, dans les champs, les chemins ou sur le bord de la route. Tous nous regardent passer, partir. Il y a beaucoup de moutons et de chèvres accompagnés de leurs bergers. Dans les villages, des poules picorent un peu partout.

Ici, c’est une Tunisie loin du tourisme. Le village est paisible, sinueux de ruelles, agréable. Le minaret est sobre, élégant, vert, les gens calmes et gentils. Malgré les creux et les bosses de routes, l’ensemble est doux. On croise et on entend, tout au long de la journée, des moutons, des vaches, des chevaux, beaucoup de chiens, des coqs. Pas de chats en revanche mais beaucoup d’oiseaux, toile de fond sonore du matin au soir. Il y a aussi beaucoup d’ânes qui broutent ou transportent personnes et marchandises. Sans parler de montagnes, mais plutôt de grosses collines, le paysage est vallonné et joue des teintes du vert sapin au marron clair, des cultures de légumes aux blés moissonnés. Ballots de paille, terre brune, sable, cactus et maisons blanches. Il y a ici tant de couleurs… Aujourd’hui, jour de marché, sont amoncelés dans la rue des kilos de pastèques, tomates, melons, pêches, pommes de terre, piments, fraises et prunes. Beaucoup sont ouverts pour laisser voir leur qualité et les ruelles sentent les fruits. Quant à la mer… La plage est déserte, à peine quelques familles du coin. Une étendue de sable fin, propre, pour une eau limpide où tous les bleus se sont donné rendez-vous, du marine au turquoise en passant par le bleu roi ou lapis… A l’horizon, le ciel, du bleu au blanc, azur, l’embrasse et offre un violet pastel. Sur la plage, il y a un petit restaurant où manger du poisson ou boire un café, tranquillement. La côte, au-dessus d’Haouaria, offre un très beau panorama sur la baie, sur l’écume blanche et crémeuse des flots qui se heurtent, en contrebas, sur la roche rouge. Le soir, la nuit vient tôt, une brise fraîche s’invite à la maison, j’entends le murmure nocturne des flots et la lune se hisse haut.

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