10 juillet- Quand il fera beau

Pour poser mon âme, juste poser pour reposer, faire halte pour repartir, j’ai décidé de tomber amoureuse. Attention, méthode : tout d’abord, se mettre dans l’état d’âme de je veux être amoureuse, je vais tomber amoureuse et ça va être génial. ENSUITE, choisir l’amoureux. Rien de plus simple, je le connais déjà. Il est beau comme une évidence. Solide mentalement, bien dans des baskets qu’il ne porte pas parce que mon amoureux n’a pas de baskets mais des chaussures sublimes, il n’est pas dépourvu d’une sensibilité nichée dans des fissures très très infimes, qu’il me désignera et que je pourrai toucher du doigt. Pas béantes, pas de déchirures, pas de fossé, mon amoureux est sain parce que je le vaux bien. Autre caractéristique : mon amoureux ne prend pas le métro.

DONC, étant en état d’amourosité intense, réceptive à la chose dirons-nous, je rencontrerai très bientôt mon amoureux et, tout à fait logiquement et selon des critères objectifs, je tomberai amoureuse de lui. En somme, le processus normal. Le côté chute en moins: plutôt tomber comme sur un matelas où épancher la fatigue. Sur ce blog durant l’été, emportée par la fougue de la vague sentimentale, je n’écrirai plus que des textes d’amoooour, des poèmes flamboyants que je lui dédicacerai, et il m’enverra des mails toute la journée pour que j’oublie la boulangerie. Il écrira «ils sont beaux tes poèmes» et il me fera rire... Loin des «j’ai pas assez mal, sois cruel que je t’aime davantage, donne encore moins pour que je donne encore plus, vas-y marche-moi dessus j’adore», mon amoureux me prouvera qu’on peut avancer et se construire dans le bonheur et je deviendrai perle. (rires).

Un détail, mon amoureux sera muet (au figuré !) de sorte que notre amour ne sera que regards, lignes d’écriture et… expression corporelle. Fusain et fusionnel. Pas de mots dits pas pesés, blessants puis regrettés, ni de tergiversations mentales s’achevant sur un « mais par où ça a commencé cette conversation, j’ai mal à la tête ?» : avec mon amoureux tout sera simple (si, si !). Ce sera un homme, un vrai, qui prend des initiatives, fait des massages, des bisous pour rien du tout, attrape ma main et qui m’emmènera à la mer. Ou plutôt nous emmènera à la mer avec Nadège. Je le trouverai à m’attendre sur le pas de ma porte en ayant foutu une rouste à la vilaine voisine Francesca et il me réservera ainsi moult surprises simples et belles à faire larmoyer un ours.

Quant à moi je serai douce et gentille comme, comme euh… une tourterelle et lorsqu’un homme m’approchera je lui dirai avec superbe «mais laisse-moi tranquille***, j’ai un amoureux». Etre amoureuse me permettra de partir en vacances en images, conquête et découverte d’un pays, lorsque les premiers pas révèlent un écrin si moussu qu’il décèle encore la misère. Puis lorsque septembre viendra, on fermera la parenthèse, parce que j’aurai trois livres à écrire sur les lentilles, le vin, les chambres de commerce et d’industrie, plein de polars à lire, un blog à tenir, toujours la boulangerie et de nouvelles aventures à vivre en dehors des circuits alimentaires. Alors je n’aurai plus le temps de continuer à être amoureuse, surtout qu'être amoureux c’est galvaudé hors été. Mon futur ex amoureux deviendra donc, sans douleur aucune tant on se comprend(ra), l’amant et l’ami dans l’affection sans amour (oui, je sais selon la morale communément admise et les règles du bonheur, l’histoire finit « mal » : ça s’appelle une chute).

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