19 mars 2007- Le 16e arrondissement

(...)
Là où j'officie
Y a des précepteurs
Des bonnes en bonnet
Et des collets montés
Des façades ravalées
Des vieilles d~uvetées
Aux parfums sirupeux
Des minets gominets
Gros minet…
Les titis parisiens
Gosses trop sapés
Te lancent un regard torve
Morgue morve
Marchent en élastique
Rejoignent un modèle
Pas tout à fait de vie
Filigrane héron
Plantée et camouflée devant
Chanel, Cartier, Boucheron
Des voitures en bolides
Haranguent le pavé
Nettoyé chaque matin
Par des concierges pantin
Inondent et frottent
Les bouts de trottoirs râpés
Colportent les potins
Clo-portes du quotidien
Portes moites de vernis
Une seule teinte
Pour l'uniformité
Poncée et abrasée
On n'y déroge pas
Oublie le vert le rouge
La vie est sans couleurs
Seuls les gens d'ailleurs
Les apportent ici
Et aussi le mendiant
De la galerie marchande
Qui distille la chaleur d'une liqueur
Sur les vitrines des pharmacies
Malade dans toutes les langues
Habla espagnol
We speak english
Wir sprechen deutsh
Quand je quitte
Ce lieu où j'officie
Se plante dans mes yeux
Le trombone érigé
Sur la place de l'homme
Se drape de brouillard
Des limbes de la nuit
Reflète le ciel sanglant du soir
Ou ruisselle des jours
En manque d'espoir
La nuit happe le quartier
Tu peux bien crier hurler
Les toiles de maître
N'ouvrent guère les volets
J'aime bien mieux mon coin
Le clodo sur son banc
Ma concierge et le vendredi
Les effluves de sa morue
L'arabe d'à côté
Qui ne ferme jamais
Et tous les cas sociaux
Qui errent autour des gares
Celui qui braille j'veux plus
Je peux plus monde pourri
Celui qui, mademoiselle,
De la monnaie pour un café ?
Et puis y a des soldats
Qui lisent Britannicus
Des chats et des chiens
Qui colportent leurs puces
Entre là où je dors
Et là où j'officie
Le chemin de l'histoire
Beaucoup de crottes de chien
Siègent le grand palais
Le dôme des Invalides
Alexandre III, où sont le I, le II ?
Et une mine dorée
Qui trace sur le ciel
Des lettres de concorde
(...)

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