13 novembre- Voilà c'est là

Gentes dames et damoiseaux, annonce faite sur cette place publique : j’ai enfin une nouvelle maison !
Elle n’est pas en carton.
Elle est d’un bordeaux couleur vin et ses boiseries sont chaudes.
Elle est pensée dans ses moindres détails et toute chose y trouve une place.
Dans la cuisine, la petite lumière de la hotte tisse des rideaux autour de mes gestes et concentre, comme un projecteur de cinéma, la confection de plats en un moment unique.
Il y fait doux et grand jour même sous le ciel de novembre.
La nuit, les lumières s’y tamisent.
Je crois qu’il fera bon y écrire.
Au matin, plus de voisins bruyants, mais le pépiement des oiseaux.
Des voisins, je n’en ai d’ailleurs pas, sauf en dessous.
Je n’en ai même pas en face, finie la fenêtre sur cour, si bien que je peux même me balader toute nue (et wééé)…
La rue est pavée et agreste. Il y a tellement peu de bruits que je résiste à la tentation d’ouvrir les fenêtres et de crier : « y a quelqu’un ?! ».
Pourtant je suis au coeur de Paris.
Dans la salle de bains, il y a un radiateur spécifiquement dédié à l’accueil des serviettes.
L’entrée de l’immeuble fleure bon.
Juste en bas, il y a un grand parc, mes fenêtres ouvrent sur ses arbres et sur le sifflet du gardien le soir à 17h.
Je suis au dernier étage, la pluie et le vent seuls marchent sur ma tête.
Le ciel est grand ouvert. Je peux m’allonger (entièrement !) et regarder courir les nuages ou le faisceau de la tour Eiffel.
Je vois aussi la tour Montparnasse et le Panthéon surplomber toits gris et cheminées fumantes.
Je suis un peu étonnée de me voir là. Je me dis, tiens, que font donc mes affaires ici ? C’est chaud, c’est grand, c'est calme, ce n’est pas chez moi. Mais je vais m’y faire, Ratatouille, lui, s’y est vite senti comme chez lui.
Ah et puis aussi, j’ai une vraie chambre (si, si) avec un dressing à faire pâlir les copines.
Cet appartement, je le regarde, on se jauge. C’est un écrin douillet et je me demande de quels souvenirs, moments et visages je vais le peupler.
Je vais commencer par essayer d’être plus souvent chez moi.
Bien sûr j’ai quitté le quartier où je sortais, dînais, que j’aime et où sont mes amis, mais enfin j’ai un cheval d’acier et eux ont des jambes.
En tous les cas, pour arriver là et poser mes valises (minute d’émotion, tention), je remercie mes amis, Nadège notamment qui m’a nourrie et hébergée, ma famille et celle éloignée qui m’offre la possibilité de ce logis. Monsieur Georges aussi qui d’un bras d’un seul a soulevé l’ensemble de mes cartons, les a hissés sur un tapis magique et les a déposés là.
Et bientôt, un jour peut-être, pourrai-je remercier Free d’avoir déposé chez moi un œuf qui m’ouvrirait les portes d’Internet à domicile.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Un cheval en acier ? Avec un aigle sur le dos ;)
Bienvenue chez toi. : )

Mick Kelly a dit…

Ton nouveau chez toi a l'air d'être charmant! Merci de nous l'avoir fait visiter avec les mots :)
J'aime beaucoup ta phrase: "Je suis au dernier étage, la pluie et le vent seuls marchent sur ma tête."
A bientôt!

N./ a dit…

* Joruri, un aigle sur le dos de mon cheval et je m'envole... Merci pour cet accueil.
* Mick, oui, je crois que je vais être bien sans un vilain lutin qui marchait et galopait sur ma tête. Le son de ses cavalcades tirait les rênes de mes nerfs et me faisait émettre des hénissements vulgaires :-).
A bientôt, oui.

C'était donc une réponse à commentaires en bestiaire.

Anonyme a dit…

Enfin, te voilà arrivée. Tu as posé ton sac? Regarde, lève la tête. Ce soir la lune est toute ronde sur Paris, pleine, souveraine. On pourrait faire une assoc des "ceuss" qui ont le vent et la pluie comme voisins du dessus, et le soleil et les nuages. Et les oiseaux?

Alain a dit…

Je ne sais pas dans quel coin de Paris tu as trouvé ce morceau de paradis, mais à te lire, il me rappelle beaucoup la Villa Seurat dans les années 30 quand Henry Miller y vivait...

N./ a dit…

* Bonjour...Les oiseaux, oui, ils sont là, encore un peu timides tout de même mais l'hiver arrivant, je ne doute pas de les voir arriver sur les morceaux de margarine que je mettrai aux fenêtres :-)...
* Bonjour Alain, pas loin... dans le 13e, dans ce coin, je ne sais pas si tu connais, des rues pavées aux noms poétiques, rue des Cinq Diamants, rue Croulebarbe, rue de l'Espérance ou des Reculettes. Nestor Burma en parle très bien de ce petit morceau de 13e dans Brouillard au Pont de Tolbiac... Par contre, pas de villa, juste un petit appartement, et aucun Henry Miller à l'horizon :-) J'espère que tu vas bien.