20 juillet - Laurent - Place Vendôme

Nous nous étions retrouvés place Vendôme
A l’époque, je lisais un roman qui débutait par la découverte d’un corps suspendu à la colonne de cette place
En t’attendant, j’ai failli rebrousser chemin huit fois au moins
L’endroit était désert, les bijoux eux-mêmes avaient abandonné leurs vitrines
Leur prix seuls, exorbitants pour du néant
Tout me semblait prémonitoire, il faisait froid, il faisait nuit
Et puis tes yeux verts en coquillages et un sourire effilé d'une ironie acérée
Impeccable dans un costume gris
Et tout ce qui allait avec, gentleman-cambrioleur d’une nuit
On s'est juchés à deux sur un moment nacelle
Sans futilité nous nous sommes racontés
De restau en bar, ta fille et ta vie là-bas, mes héros de polar et ma vie ici
Je ne parvenais pas à regarder tes yeux, je n’ai jamais bien su mentir
Tes paroles à mon égard en couteaux, tout chez toi découpait
Disséquée, émincée
Tu étais bloc d’une belle pierre, fissurée par endroits
J’aurais aimé avoir les outils du sculpteur ce soir-là
On a coulé ta pierre et mes morceaux de chair dans des étreintes tendres
En parenthèses du monde, de la douceur à en pleurer
S'arrête la pensée, repos du guerrier
Et la découverte au matin de l’aube hivernale sur Paris
C’est sous les arcades de la rue de Rivoli que nous nous sommes laissés
Sous les arcades de la rue de Rivoli que toi et moi nous sommes arrêtés
Un souvenir depuis est suspendu à la colonne de la place Vendôme

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