9 novembre- KKhuette

KKhuette est un chat noir, prenez garde. Seule once de rédemption, une tache blanche au cou. C’est le mien, chat de la sorcière, une once de rédemption au cou. Son oreille gauche a été mordue, comme découpée aux ciseaux dentelés. KKhuette a peur de tout, d’un bruit, de son ombre, d’une main qui se tend pour la caresser. C'est normal, on lui a sans doute fait du mal, blessée au propre et au figuré. Je l'ai recueillie; elle n’a pas peur de moi.

Petite et agile, son museau noir est humide et froid, réveille lorsqu’elle le pose sur mon nez. Il n’est pas chat plus gentil. Pas un caprice, pas une bêtise: pour qui se fie aux apparences, KKhuette est presque un bibelot. Mais c’est une coquine, siestes et nuits avec elle presque indécentes. Elle hésite d’abord à grimper sur le lit, puis elle tourne autour de moi pour guetter l’encoche dans laquelle se loger. Ses yeux sont alors grand ouverts et, régulièrement, elle frotte le bout de son minois sur mon coude ou mon visage. Elle frétille, se pose finalement et entreprend une toilette minutieuse, ce qui ne l’empêche guère, si je l’interromps par une caresse, de lancer un ronron sonore, ponctué d’un léger coup de tête vers l’avant, vers ma main. Deux fins possibles à cette toilette : je veille et KKhuette va jusqu'au bout, un poil après l'autre, ou alors j’éteins et KKhuette interrompt sa toilette. Alors dans les limbes de la pénombre, tout commence.

Le petit félin noctule approche si doucement que je sens le velouté de ses coussinets, du nez soulève un coin de couverture et se glisse sous les draps. Je devine le noir de sa pupille dilaté sur le vert rivière de ses yeux. Elle tourne sur elle-même, tourne, tourne encore, jusqu’à trouver sa position, au creux de mes bras ou, si je suis sur le côté, nichée dans le creux de mon ventre. Ma main parcourt son poil soyeux et je sens battre son petit cœur de chat . Elle ronronne, lovée en chat qui se mord la queue. Ses yeux cette fois clignent, en amandes vertes frétillent. Son ronronnement, sonore d’abord, s’apaise ensuite mais demeure. Il me calme, berce. Les pulsations de son cœur au bout des doigts, cette boule de tendresse contre moi, sur les clapotis de ses ronronnements je m’endors sereinement. Le matin, au réveil, quelle que soit l’heure, elle n’a pas bougé, gardienne de mon sommeil, fidèle à mes rêves. Ma jolie KKhuette, t’es mon mini-dragon, un bonbon de bonheur, mon cœur en guimauve et tu manques à chacune de mes nuits. KKhuette ce n'est pas un chat qui donne le sentiment d'apprivoiser le tigre mais plutôt... ma chouette.

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