12 octobre- Intervention pompeuse

La littérature, comme le reste et les êtres, ne m'intéresse que si elle me nourrit. Il ne s'agit pas de la brandir, de l'étaler: un livre se vit, s'éprouve intimement, au mieux sort-il de soi en actes ou en partage. Un auteur n'est pas une marque à arborer parce que son propos ou son nom sont soi disant actuels; il s'éprouve au-delà des siècles, des étiquettes, des genres et de la critique.

Actuellement, je relis (car il faut relire, sans cesse, les livres qui ont marqué l'âme d'un sceau ou d'un cachet: ce ne sont jamais les mêmes) les pages d'un auteur mentor qui ne cesse de m'apprendre et de m'altèrer autant que s'il était vivant, face à moi dans une conversation. Deux passages m'ont émue, je les partage...

"La pensée poétique est l'ennemie de la patine et elle est perpétuellement en garde contre tout ce qui peut brûler de l'appréhender: c'est en cela qu'elle se distingue, par essence, de la pensée ordinaire. Pour rester ce qu'elle doit être, conductrice d'électricité mentale, il faut avant tout qu'elle se charge en milieu isolé."

"un détour par l'essence, telle qu'on l'éprouve chaque fois qu'est mise en péril l'existence individuelle ou même la poursuite de toute chance particulière dans le cadre de cette existence. Je dis que lorsque la nature des événements tend à leur faire prendre un tour trop douloureux les façons personnelles de sentir se trouvent malgré elles un refuge et un tremplin..."

Un jour peut-être, écrirai-je sur lui. En attendant, comme vous n'aviez rien à faire ce week-end, voici au moins de quoi méditer (un livre, le mien si possible).

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