4 décembre- Ecrire, c'est facile

Comme l’amour
Elle est partout
C’est la misère

Vous ne la voyez pas ?
Quand voir devient savoir
Vous fermez les paupières
Evitez les regards
Du clodo dans la rue

Mais savez-vous seulement ?
La misère est partout
Il ne s’agit pas de cicatriser
Ses blessures le long
Des plaies béantes des autres
Nul n’a le monopole de la souffrance

Mais…

Dans les limbes du passé
Logée comme une balle
Au creux de leur histoire
Elle a tracé des angles
Aux cœurs de tes amis

Sur le pas de ta porte
Ton voisin rapièce
Les lacets de ses gosses

Quelques étages plus bas
Une mère seule ne peut
Acheter des cahiers
A ses mômes

Ils payent leur loyer
Empruntent tes escaliers
Et pas seulement
Crédits à gogo
L’un pour racheter l’autre
Paiement échelonnés
En marches qu’on descend
Plus bas, toujours plus bas
Rapetissent les mois
Déjà plus rien le 15
Et la cantine du p’tit…

Les écrans brillent,
Flambent comme des rêves
Achète, c’est à toi
Là une voiture
Ici tes prochaines vacances
Dans ton cabas
N’oublie pas, n’oublie rien
La nuit quand tu t’endors
Dresse ta liste de courses

La misère de la rue
De la caricature
De la littérature
Allons, soyons modernes
La misère est complexe

Traîne ses guêtres
Dans les rues de Paris
Sous des dehors bonhommes
Se déchaîne en furie
Dans les halls d’immeubles
Des cités HLM
Souffle son air putride
Dans les allées désertes
De nos banlieues dortoirs
Et gangrène les âmes

La misère c’est cette main
Sur ton front
Et tu baisses la tête
Condamné à marcher
Les yeux rivés au sol
Avec pour seul souci
D’éviter la merde
Le poids de tes souliers

Des rêves s’il y en avait
Transformés en langues
Oranges des réverbères
Stagnent au sol
Opaques ne montent guère
Nébuleuse est un mot à la mode

Alors un jour c’est trop
D’être petits
Toujours partout
Le monde sans horizon
Certains claquent un boulon
On les appelle fous

Et l’amour est partout
Mais il longe une route
En lacets rapiécés

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