22 mai 2007- Londres

Cette semaine était sans lundi car I went, I have gone, I gone, je ne sais pas vraiment en fait, mais je suis allée donc j’étais et fus à Londres. With my wonderful copine Nadège : une fois n’est pas coutume, j’écris donc ce blog pour deux, donc à quatre mains.

Ce qu’il y a de bien à Londres, c’est qu’il y a la chaîne Paul. Autant ils font de l’ombre au boulanger, au vrai boulanger français, autant c’est un bonheur de manger du pain et des viennoiseries corrects à Londres. Voilà, que ce soit dit, le pain des Anglais est une infamie. Anecdote : lorsque j’ai demandé a croissant with butter, ils m’ont donné un croissant et un pot de beurre.

Ce qu’il y a de bien à Londres, ce sont les bus. Ils sont rouges, avec des étages, nous n’avons cessé de courir après et de nous faire refouler parce que le chauffeur n’avait jamais de monnaie. Le troisième jour, nous apprîmes enfin mais trop tard qu’il existait un ticket valable pour la journée qu’on pouvait acheter en dehors du bus. Notre bus préféré : le 14 qui nous déposait devant la maison.

Ce qu’il y a de bien à Londres ce sont les personnages de Tim Burton dans toutes les boutiques, imprimés sur les T-shirts. Plein de magasins de jouets de mauvais goût aussi : un régal (le seul). A Londres, on peut croiser tout un tas d’individus louches, type panthère rose ou chien déjanté, détective à casquette ou espion de la reine. Dans cette ville, nous nous perdîmes beaucoup et marchâmes allègrement sans que personne ne nous propose jamais de drogue.

Ce qu’il y a de bien à Londres, ce sont ses parcs, Hide Park encerclé par une longue piste pour galoper à cheval, des prairies étalées, plein de moments de répit pour nos petits pieds endoloris. Nadège essaya beaucoup de lunettes et moult chaussures, tandis que j’adoptais Willy. Willy est un concept que je ferai découvrir aux plus chanceux d’entre vous.

Ce qui n’est pas bien à Londres, c’est que tout se fait dans le mauvais sens. Nous faillîmes mourir de nombreuses fois, regardant à gauche puis à droite pour traverser lorsqu’il faut faire le contraire. La circulation mit nos nerfs à rude épreuve et vint s’ajouter à l’acrimonie des chauffeurs de bus. Nous remarquâmes que seuls les chauffeurs noirs ou métisses faisaient preuve d’une once de compassion à notre égard, ce qui est d’ailleurs tout aussi valable à Paris.

A Londres il y a des ponts et un fleuve, des avions qui volent à très basse altitude et que je ne cessais de photographier pour devenir millionnaire en livres si l’un d’eux explosait. Beaucoup de rouge, façades en briques, cabines téléphoniques, joues anglaises et… bus. Il y a des monuments en coulées de cire qui sont discosting et des matelas gonflables qui se dégonflent pendant la nuit. Des sens interdits lumineux aux bandes blanches plus longues parce que c’est très interdit comme un flambeau dans la nuit, mais il y a peu de policiers… Les Anglais aiment les fenêtres en guillotine et le plastique : chaussures en plastique, bouffe en plastique, fringues en plastique punks et goths à Camden. A 23 heures, après le thé ou le café au lait qui clôt logiquement un délicieux dîner, hop tout le monde au lit lorsqu’à Paris la soirée commence… Et pour que vous sentiez bien à quel point la nuit peut être loooooooongue, lorsque la brume monte de la Tamise, et pour que vous compreniez bien comment les Anglais sont parvenus à extirper des langueurs nocturnes humour noir et personnages fantasques, on vous enlève une heure à l’arrivée. Enlevez votre veste, vos chaussures et votre ceinture, on détrousse la trousse de toilette de tous les produits de plus de 100 ml, merci, allez hop, on vous enlève une heure pour finir.

A Londres, il y a des panneaux indicateurs mouvants tenus pas des mains qui font des doigts pas de pieds, des oies agressives et bavardes, des hamburgers au goût d’Happy Days, des mecs des vrais qui savent ce qu’est une pinte et qui la tiennent dans tous les sens du terme. Il y a aussi des livres, des shillings, des pence, des sterling et des pound, des miles, on ne fait pas trop la différence, tout est trop grand pour nous, voilà tout. Et je ne parlerai pas des prises ni des claviers anglais…

A Londres, il n’y a pas de déjections canines sur les trottoirs, pas un seul chat, pas de senteurs sauf celle du tilleul dans les parcs, pas d’odeurs ni dans les rues ni dans les assiettes. La folie débridée londonienne est ailleurs : dans les imprimés en veux-tu en voilà, j’ai le tournis, têtes de morts et cerises, bariolés de couleurs, farandole de couronnes : le vichy, on remballe.

Mais à Londres, il y a des Anglais et ils sont beaux. Leur charme cinglant se révèle à l’aune d’un sourire ou d’un regard pesé voire pensé et il perce. L’Anglais est, à l'image de Willy, un concept, au premier abord façade terne, le visage change comme une lumière et l’aura du même coup. Ils s’habillent avec classe, mariant couleurs, formes et matières, les hommes du moins, parce que pour les femmes on repassera. Ils ont aussi pour eux une langue majestueuse, élégante : une gamine de quatre ans qui parle anglais me fait l’effet d’une dame ou d’une petite princesse après que j’ai évacué le réflexe ridicule du "elle n’a que quatre ans, mais comment fait-elle pour parler déjà si bien l’anglais ?!" Du coup, le moindre Anglais, fusse-t-il laid, ouvre la bouche et je suis en pamoison. Seul hic : des Anglais, il y a en plus à Paris durant l’année qu’à Londres pendant le week-end de l’Ascension où les Français déferlent en marée humaine.

Résultat de l’escapade : Nadège a des lunettes et Londres, moderne, rococo, gothique, néogothique, victorienne, entre blanc, gris et rouge, lui fait l’effet d’un pudding qui lui reste sur l’estomac, à l’instar des fêtes de fin d’année dans sa famille : chargées et dures à digérer.

Quant à moi, j’ai Willy. Londres c’est chouette et même parfois joli. La vie n’y est pas si différente qu’à Paris. Mais Paris est plus belle, secrète, élégante et disparate; : seuls manquent les Anglais et la mer, mais c’est une autre histoire.
A venir, pour illustrer et étayer nos propos, quelques photos sur myspace.

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