La vie est un plan de métro
Il y a des années alors qu’il avait cinq ans dans les montagnes afghanes
Je poussais mon premier cri chez le poinçonneur des Lilas : des points déjà
Une guerre, une maladie, la charité et un vol d’avion plus tard, nous voici sur la même ligne, points réunis sous le même toit
A la station Pont de Levallois, à une table de fac entre retardataires et querelleurs de l’existence, entre Tunis et Paris
J’ai rencontré un énorme point qui hurla pour la première fois (très fort j’en suis sûre) rue Poliveau
Mais comment naît-on rue Poliveau où il n’y a pas de clinique ? Tel fut son premier challenge
Aujourd’hui, véritable station de métro, Châtelet précisément, moins les tapis roulants
Une lettre de recrutement six ans plus tôt, et à la station Saint-Marcel je croisais les yeux bleus de l’océan de Douarnenez où il poussa -peut-être- un premier (dernier ?) cri
Chemins et corps se sont entrelacés comme les nuages font l’amour
Etienne Marcel, Sèvres-Babylone, Montparnasse, Oberkampf, points de rencontre d’autres points, lucioles ou feux de joie, feux follets ou lueurs irradiantes
Et avant, les chaises beiges du bahut, les fauteuils marrons du car et les lignes 12 et 14 des bus dijonnais
Les croisements de rues ou de regards, carrefours ou impasses
Rencontre d’âmes et de deux mains pour enclaver l’univers
Les points élancent des lignes, la 1, jaune comme on rit, est la plus confortable, sans cloisons entre les wagons et on pense le train sans fin
Mais certains descendent trop tôt : ligne 3bis, quatre stations et terminus, le point, de rupture, percute le bitume et devient flaque de sang
Des points grossissent, se transforment en Bastille, Opéra ou République, égarent dans toutes les directions
Il y a les changements et les correspondances, les longs couloirs bondés ou déserts d’une solitude ruisselante de froid
Les couleurs des lignes, le violoniste, le mec qui crève sur un banc en se pissant dessus
Et les stations qu’on voudrait atteindre qui sont fermées. Incident voyageur ou technique. Travaux.
Ou un bagage non identifié si lourd qu’il empêche d’avancer
Quelques lignes de points s’étirent puis s’éloignent, deviennent rails de RER puis de train, gare de Lyon… un chemin qui, c’est sûr, mène à Rome
Rien de plus troublant que de découvrir un point, de jouir de ces instant où peut-être, ou pas, il deviendra station
Point de départ, d’arrivée ou point noir en cratère
S’imaginer machiniste ou ingénieur, conducteur ou voyageur
Sur le panneau lumineux, indiquer la station d’arrivée et voir s’allumer un à un les points à suivre pour y parvenir
Lampions éphémères, étoiles filantes, décor de carnaval
Guère difficile de placer des points comme des pions en stratège ; une autre affaire que de les relier…
C’est pourquoi ma vie n’est pas un plan de métro mais une bataille de confettis
Il y a des années alors qu’il avait cinq ans dans les montagnes afghanes
Je poussais mon premier cri chez le poinçonneur des Lilas : des points déjà
Une guerre, une maladie, la charité et un vol d’avion plus tard, nous voici sur la même ligne, points réunis sous le même toit
A la station Pont de Levallois, à une table de fac entre retardataires et querelleurs de l’existence, entre Tunis et Paris
J’ai rencontré un énorme point qui hurla pour la première fois (très fort j’en suis sûre) rue Poliveau
Mais comment naît-on rue Poliveau où il n’y a pas de clinique ? Tel fut son premier challenge
Aujourd’hui, véritable station de métro, Châtelet précisément, moins les tapis roulants
Une lettre de recrutement six ans plus tôt, et à la station Saint-Marcel je croisais les yeux bleus de l’océan de Douarnenez où il poussa -peut-être- un premier (dernier ?) cri
Chemins et corps se sont entrelacés comme les nuages font l’amour
Etienne Marcel, Sèvres-Babylone, Montparnasse, Oberkampf, points de rencontre d’autres points, lucioles ou feux de joie, feux follets ou lueurs irradiantes
Et avant, les chaises beiges du bahut, les fauteuils marrons du car et les lignes 12 et 14 des bus dijonnais
Les croisements de rues ou de regards, carrefours ou impasses
Rencontre d’âmes et de deux mains pour enclaver l’univers
Les points élancent des lignes, la 1, jaune comme on rit, est la plus confortable, sans cloisons entre les wagons et on pense le train sans fin
Mais certains descendent trop tôt : ligne 3bis, quatre stations et terminus, le point, de rupture, percute le bitume et devient flaque de sang
Des points grossissent, se transforment en Bastille, Opéra ou République, égarent dans toutes les directions
Il y a les changements et les correspondances, les longs couloirs bondés ou déserts d’une solitude ruisselante de froid
Les couleurs des lignes, le violoniste, le mec qui crève sur un banc en se pissant dessus
Et les stations qu’on voudrait atteindre qui sont fermées. Incident voyageur ou technique. Travaux.
Ou un bagage non identifié si lourd qu’il empêche d’avancer
Quelques lignes de points s’étirent puis s’éloignent, deviennent rails de RER puis de train, gare de Lyon… un chemin qui, c’est sûr, mène à Rome
Rien de plus troublant que de découvrir un point, de jouir de ces instant où peut-être, ou pas, il deviendra station
Point de départ, d’arrivée ou point noir en cratère
S’imaginer machiniste ou ingénieur, conducteur ou voyageur
Sur le panneau lumineux, indiquer la station d’arrivée et voir s’allumer un à un les points à suivre pour y parvenir
Lampions éphémères, étoiles filantes, décor de carnaval
Guère difficile de placer des points comme des pions en stratège ; une autre affaire que de les relier…
C’est pourquoi ma vie n’est pas un plan de métro mais une bataille de confettis
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