Ma pensée bruisse
Langue vague
Lénifiée de janvier
Se largue molle
Sur la plage
Supplie le sable
De la garder
S’étend en moi
La lande de l’hiver
Mon animal s'endort
Sur un fil de gel
Glissent mes lucioles d’été
Silencieuse
Chaque jour est nuit
Où le ciel est blanc
16 décembre
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27 novembre - Réveil
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25 novembre- P'tit peu colère
Dans une boîte grise
Mes heures séquestrées
Par des murs de néon
La vie la mienne pas la vôtre
Est-là dehors en bas
Et là à l’intérieur de moi
L’âme ne se rive pas
Aucune de vos lances
N’entamera mon silence
Mes pieds s’empêtrent
Dans les entrelacs
Noués là sous mes pas
Ce ne sont que mes pieds
Ma pensée, elle, avance
Chacun de vos pièges
M’alloue de l’importance
Je pourrais bien ici
Finir misanthrope
Vous n'êtes que des hommes
Mais ce serait vous donner
Beaucoup trop d’importance
Et vous faire exister
Alors que là-bas
Sans doute un ours naît-il
Qui m’y attendra
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19 novembre - Douceur
Sur le chemin d'un rêve
La nuit dernière on m'a donné
Un baiser vibrant de douceur
En mon âme je l'ai posé
Cailloux du petit Poucet
Jusqu'au matin je l'ai gardé
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15 novembre - Essence
Lécher le goulot
Des vies des autres
Ourler les bords de l’âme
De leurs gouttes d’essence
Se réchauffer, se brûler
Ou se jucher dessus
S'oublier, flotter au monde
Comme à la première seconde
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13 novembre- Voilà c'est là
Elle n’est pas en carton.
Elle est d’un bordeaux couleur vin et ses boiseries sont chaudes.
Elle est pensée dans ses moindres détails et toute chose y trouve une place.
Dans la cuisine, la petite lumière de la hotte tisse des rideaux autour de mes gestes et concentre, comme un projecteur de cinéma, la confection de plats en un moment unique.
Il y fait doux et grand jour même sous le ciel de novembre.
La nuit, les lumières s’y tamisent.
Je crois qu’il fera bon y écrire.
Au matin, plus de voisins bruyants, mais le pépiement des oiseaux.
Des voisins, je n’en ai d’ailleurs pas, sauf en dessous.
Je n’en ai même pas en face, finie la fenêtre sur cour, si bien que je peux même me balader toute nue (et wééé)…
La rue est pavée et agreste. Il y a tellement peu de bruits que je résiste à la tentation d’ouvrir les fenêtres et de crier : « y a quelqu’un ?! ».
Dans la salle de bains, il y a un radiateur spécifiquement dédié à l’accueil des serviettes.
L’entrée de l’immeuble fleure bon.
Juste en bas, il y a un grand parc, mes fenêtres ouvrent sur ses arbres et sur le sifflet du gardien le soir à 17h.
Je suis au dernier étage, la pluie et le vent seuls marchent sur ma tête.
Le ciel est grand ouvert. Je peux m’allonger (entièrement !) et regarder courir les nuages ou le faisceau de la tour Eiffel.
Je vois aussi la tour Montparnasse et le Panthéon surplomber toits gris et cheminées fumantes.
Je suis un peu étonnée de me voir là. Je me dis, tiens, que font donc mes affaires ici ? C’est chaud, c’est grand, c'est calme, ce n’est pas chez moi. Mais je vais m’y faire, Ratatouille, lui, s’y est vite senti comme chez lui.
Ah et puis aussi, j’ai une vraie chambre (si, si) avec un dressing à faire pâlir les copines.
Cet appartement, je le regarde, on se jauge. C’est un écrin douillet et je me demande de quels souvenirs, moments et visages je vais le peupler.
Je vais commencer par essayer d’être plus souvent chez moi.
Bien sûr j’ai quitté le quartier où je sortais, dînais, que j’aime et où sont mes amis, mais enfin j’ai un cheval d’acier et eux ont des jambes.
En tous les cas, pour arriver là et poser mes valises (minute d’émotion, tention), je remercie mes amis, Nadège notamment qui m’a nourrie et hébergée, ma famille et celle éloignée qui m’offre la possibilité de ce logis. Monsieur Georges aussi qui d’un bras d’un seul a soulevé l’ensemble de mes cartons, les a hissés sur un tapis magique et les a déposés là.
Et bientôt, un jour peut-être, pourrai-je remercier Free d’avoir déposé chez moi un œuf qui m’ouvrirait les portes d’Internet à domicile.
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3 novembre - L'actu cruciale du jour
Publié le 03 novembre 2008 - 09:46 (ici: http://www.larep.com/bien_etre-7677.html)
Les enfants qui ne mangent pas de cacahuètes durant leur petite enfance ou enfance ont 10 fois plus de risques de développer une allergie à cette arachide, que ceux qui y ont été exposés, d'après une étude publiée dans l'édition de novembre de The Journal of Allergy and Clinical Immunology.
Absolument!
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31 octobre - Coup de vent
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26 octobre - Mon père
J'ai écrit ce texte il y a quelques mois et comme j'ai peu de temps en ce moment pour en écrire de nouveaux...
Mon père ce sont mes traits, mes lèvres et deux sillons qui encadrent mon sourire.
Mon père ce sont mes emportements, l'intériorité magma, ma dureté affichée, mes jugements incisifs mais il faut bien trancher pour avancer.
Mon père s'il était un mot serait générosité.
Mon père c’est une famille romanesque digne des Rougon-Macquart.
Mon père c’est on prend les deux, à condition qu’on les appelle Chat et Pacha.
Mon père ce sont mes bleus de ciel, de mer, à l’âme lorsque l’intégrité est identité éraflée.
Mon père ce sont mes blancs de la page, des façades à la chaux et du déracinement.
Mon père c’est l’or du soleil et du sable, l’ocre de la terre remuée, travaillée, celui de son visage et de mon chemin.
Mon père c’est les chats de Tunis, de Sousse, de Paris, tous ceux que je croise, ceux qu’il aime et qu’il enterre.
Mon père c’est mes heures de sieste et la brise fraîche qui joue avec les rideaux d’une chambre d’été.
Mon père c'est le feu de cheminée.
Mon père c’est au moins trois vies, la sienne vécue, la sienne qu’en lui il pétrit, la mienne.
Mon père c’est la troisième partie de ma thèse et quelques auteurs de polar.
Mon père c’est les colères en impasses, le grand écart entre les extrémités, les gestes retenus, les maux en mots tus.
Mon père c’est les amis perdus parce que l’essence est éphémère et qu'aucune liberté ne se conquiert sans morts.
Mon père c’est mon enfance en bribes salées et les instants du présent qui saisissent, traversent et laissent coi.
Mon père c’est mon premier lecteur et mes premiers écrits.
Mon père c'est ma peau sensible au rasoir de la vie.
Mon père c’est le silence, la maladresse de nos présences mais c’est l’évidence.
Mon père c’est quelque chose qui s’est apaisé ou résigné, toujours éruption brûlante en moi.
Mon père, il paraît qu'il faudra le tuer, mais personne ne se coupe une jambe.
Mon père c’est l’affection en gestes et en attentions, mon élan vers l’écrit pour pallier l’impossibilité de dire.
Mon père, et il me le rend bien, je l’aime père, homme, je l'aime être et c’est l’occasion de le lui écrire.
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20 octobre - Silence
Les gouttes coulent sur la vitre
Etiolent les lumières de la rue
Lueurs mouillées balbutiantes
En sanglots se mélangent sur
La palette barbouillée du peintre
Les pneus glissent sur l'asphalte
Déplient le foulard de soie
Au rythme de leurs soupirs
Dodeline ma pensée
Ce pourrait être Rome, Tunis ou bien Paris
Toute ville connaît ce moment
De monde somnolant
Palpitations faibles au poignet
Entre aujourd'hui et demain
Mort et vie
Monde en paix
Dans la cafetière les gouttes de café
Lourdes d'une vie perfusée
Peinent à tomber, plombées de marc
Balles saturées d'une aube à venir
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17 octobre - Question du jour
Parfois, on pense à des choses et un stylo intérieur écrit le scénario de la pensée, non?
Exemple: si je m'interroge sur le menu du midi, je ne vois pas une pizza, non. Je vois sous mes paupières en pages une plume écrire, lettre à lettre: "qu'est-ce que je vais manger à midi?".
De fait, soudain, des questions d'orthographe surgissent qui supplantent la pensée première.
Exemple: hier je chantonnais, "ta maison est en carton, pirouette, KKhuuueette" (oui, oui, ça s'écrit comme ça KKhuette dans la chanson) et soudain je pris conscience que durant toute ma vie cette chanson n'avait révélé qu'un sens: ta maison est en carton et pas en briques (comme pour les petits cochons et le loup).
Mais en fait, il est également possible que ta maison soit en cartonS! Dans des cartons quoi.
Pirouette KKhuette
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15 octobre- En ce moment...
En ce moment je regrette d'avoir:
- moins de temps pour écrire
- moins de temps pour vous lire
- moins de temps pour vous écrire
- moins de temps pour publier vos commentaires
- moins de temps pour y répondre
Cher lecteur pardonne-moi une fois encore, mais:
- je fais mes cartons, je cartonne en somme
- je travaille toute la journée et le soir venu
- je travaille encore, j'écris pour d'autres et
- je fais mes cartons
Et puis parfois, je dors.
Mais... je rattraperai le temps qui n'est jamais perdu.
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13 octobre- Pensée du jour
De la bouche de la vérité, sortent souvent des enfants.
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8 octobre - Les escargots
Entre chez moi et l’appartement de mon amie Nadège, il y a un petit parc, que je longe ou traverse, selon qu’il est ouvert ou fermé. Ceux qui me connaissent savent que me rendre chez Nadège n’est pas anecdotique car j’y vais souvent (en fait Nadège me nourrit, me concocte des petits dîners avec des légumes : merci Nadège :-)). Je rencontre souvent des chats et, dans l’obscurité de la rue Titon, je partage un câlin avec eux sur un bout de trottoir. Je suis parfois contrainte d’attendre que quelqu’un entre ou sorte d’un immeuble pour tenir la porte au chat qui miaule devant. Peut-être écrirai-je un jour sur les trois chats de cette rue.
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à mes escargots. Vous avez pu remarquer que cet été, et dernièrement aussi, il pleut pas mal. Alors sortent les escargots. Partout mais alors partout, je n’ai jamais vu pareil phénomène ailleurs. Il semble que tout d’un coup le parc transpire de tous ses côtés des centaines d’escargots. Résultat, je perds une demie-heure au moins chaque fois à les écarter des passages humains. Un par un je les décolle du bitume ou des allées du parc et les replace sur les feuilles, plantes et herbe du jardin. J’espère chaque fois que le temps qu’il leur faudra pour refaire le chemin vers les souliers des hommes sera suffisamment long pour que des hommes, il n’y en ait plus beaucoup à ces heures de la nuit. L’opération est parfois un peu compliquée par les grilles fermées du parc à travers lesquelles je dois passer le bras pour glisser le gastéropode vers la verdure. J’arrive en retard chez Nadège ou rentre tard chez moi mais, lors de mes opérations de sauvetage, je ne croise jamais personne et évite ainsi d’assumer le ridicule de la situation. Il n’y a personne et c’est normal parce qu’il pleut.
Hier soir, je rentrais (de chez Nadège pour ceux qui suivent) et soudain j’entends un crac sous ma chaussure. Je regarde. Je venais d’écraser un escargot. Croyez-le ou pas, je vécus là quelques secondes de profond désarroi. Je n’avais pas vu. Il pleuvait pourtant, j’aurais du prendre garde. Je n’osais me retourner pour voir dans quel état je laissais la limace par crainte de connaître une nouvelle insomnie. Oui, me disais-je, ce n’est qu’une limace. Mais non, c’est faux et puis d’ailleurs, j’aime bien les limaces aussi, même si je me garderais bien de les toucher à mains nues. Les escargots ont une manière de se recroqueviller dans leur coquille dès qu’on les saisit qui fait d’eux des êtres réagissant au monde. Il y en a des gros, des petits, des moyens et j’aime leurs antennes tendues vers les cieux : elles semblent dessiner des parois invisibles. Je sens dans leur périple hors du parc une sorte de tentative d’avancer, même lentement, et de franchir les frontières. Quelque part, j’admire les escargots et leur maison sur le dos. Alors hier soir, je me suis remise à mon sauvetage avec d’autant plus de ferveur que je venais de tuer un escargot. Il y en avait beaucoup, à tous les angles du parc. Je regardais mes pieds fouler le bitume pour ne pas en écraser d’autres. A ma victime, je demandais pardon. Je demandais à chacun également de pardonner la frayeur en instinct qui les rétractait au fond de leur maison lorsque je les détachais du sol, leur expliquais que c’était pour leur bien. Peut-être est-ce cela le rapport à Dieu ? Je suis cette présence que les escargots ne pourront jamais comprendre ni visualiser. Présence qui annihile en un instant des heures de glissade pour sortir du parc. Ils ne savent pas eux que je leur évite la mort. Mais cette mort fait peut-être partie des conditions de leur espèce que je perturbe. Peu importe. Je relègue ces questions, sauve, momentanément, une bonne trentaine d’escargots. Car, pour me ménager, j’ai intégré très fort en moi que je ne peux rien lorsque je ne suis plus là, que l’important est de faire et de donner tout ce qu’on peut et ensuite...advienne le reste de la vie. Lorsque j’ai estimé avoir fini et nettoyé tous les trottoirs des escargots, je croise des gens dans la rue, assassins d’escargots en puissance et les assaille d’un regard noir. Je crois que, après les bébés animaux, me voici dans la totale incapacité d'avaler à nouveau un escargot.
Je suis vraiment contente de déménager dans deux semaines, il y aura moins d’escargots là-bas, c’est sûr. Il y aura sans doute des oiseaux et je leur mettrai des blocs de margarine pour l’hiver, c’est moins compliqué que les escargots.
Je sais que si un jour un de mes amis se trouvait avec moi, il m’aiderait dans ma tâche et c’est pour cela que j’aime mes amis et que je suis fière d'eux. Lorsque j’étais encore plus petite qu’aujourd’hui, mon père me disait qu’un ami c’était quelqu’un capable de ne pas poser de questions devant un cadavre qu’on lui demande de transporter. Je n’en suis pas là, du moins pas au sens propre. Mes amis ce sont ceux qui, sans poser de questions ni contredire des raisonnements qui n’en sont pas, décolleront patiemment les escargots du bitume, attendront avec moi devant une porte pour faire entrer un chat, suivront un chien perdu dans la rue pour le recueillir ou pouvoir lire son collier.
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6 octobre- L'insomnie
L’insomnie compulse la tête
Transformée en pages de l’almanach
Agence les trois années à venir
Les courses d'un lendemain
Qu'on devine déjà pénible
Car il faudrait dormir
L’esprit se fait ardoise à to do list
L’âme déroule les scenarii des possibles
Le corps se recroqueville
Explore toutes les tangentes du lit
Se crispe
On force les yeux à se fermer
Et sous les paupières c’est un défilé
Visages, mots et moments
On se tourne, on rajuste l’oreiller
Comme pour changer d’idée
Le dos est une ficelle tendue
Les jambes sont lourdes
Les bras sans forces
La chair se sent secouée
Sur un tamis de crin
Et durant ce temps
La percolation des lettres liquides
Etiole la nuit sur l'écran du réveil
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1er octobre - Le cheval
Les courbes de son dos
Arabesques du corps d’une femme
Des yeux pailletés des cieux
Des landes sauvages
Sa robe de princesse
Couleurs du soleil, du temps, de la lune
Mer, désert, steppe ou roseau
Sa colonne frémit de fougue et d’orgueil
Lorsqu'il court ses muscles sont
Des collines qui avancent
Ses oreilles ou un coup de museau
Révèlent sa tendresse
Proche et pourtant
Comme tout animal il transpire
Cette suprématie fascinante
Que jamais nous ne comprendrons
Que je voudrais apprivoiser
Pour me sentir eux, me savoir d’eux
Et m’y réfugier parfois comme
En refermant sur moi
Les deux coques d’une noix de coco
Lui par contre ne comprend pas
Cette douleur brûlante qui
Fait tressaillir ses moindres nervures
Des siècles pourtant que
Les éperons cinglent son ventre
Ou que
Son poitrail éclate sous l'impact
Des projectiles de métal
* Source d'inspiration de ce texte, une pub que j'ai vue hier soir au cinéma et dont les premières images m'ont captivée:
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30 septembre- Marché
Les commerçants allument les lampions aux étals
Les boules de lumière tintent et dansent au vent
Au sol les rigoles de pluie dissolvent le goudron
Le bitume se dérobe sous les pieds
Saupoudré des miasmes du monde
Les feuilles qui l’été ont chatouillé les cœurs
Pourrissent dans un ultime souffle rouge
Dans un clac on guillotine les réverbères anémiés
Dans une flaque tombent leurs têtes rouges ou blanches
Le marché est désert, ça fleure les fruits et les bonbons
Passants et marchands semblent tristes ou bien
Encore prisonniers des langueurs du sommeil
Remontent l’écharpe et le col pour le retenir
Bientôt la vie coulera le long de l'artère
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26 septembre- Pédagogie
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25 septembre - Une histoire!
Vous pensez que je suis une enfant parce que j’écris comme une enfant. Que mes phrases sont élémentaires et sans vocabulaire. C’est que je pense ainsi. Ca me calme, ça m’apaise. Ma voix intérieure me parle comme si j’étais un bébé. A voix haute je ne parle pas ainsi sauf aux animaux. Je bêtifie en somme. Ca m’apaise autant que le regard d’un chien. Mes mots simples ordonnent le monde, en douceur et sans heurt. Rien n’existe tant que je ne lui ai pas trouvé un mot simple. Aucune question sans réponse non interdite aux moins de six ans. Viens, nous allons être heureux. Dis, c’est quoi nous ?
Je suis un enfant, je suis Leila, je suis Léa, je suis les autres, je suis comme vous, je suis vous. Je+je+je+je+je = nous. Nous. Nous devrions prendre garde à nous parler comme aux enfants. Doucement. Prononcer distinctement, avec des mots simples. Mon cœur, ma chérie, mon loulou, petit chou. N’aie pas peur, ne crains rien, je suis là et regarde sur le mur, le soleil dessine pour toi des morceaux de chocolat. Se ménager comme un rêve, se fâcher dur lorsqu’on fait des bêtises. Je m’appelle Léa et lorsque j’en ai décidé ainsi j’ai fait une bêtise. Je n’avais pas compris que ceux auprès desquels je pouvais décider de m’appeler je les avais choisis. Qu’on choisit les autres au gré de ce qu’on est, pas selon un prénom ni une identité mouvante. Je n'avais pas compris qu'on ne décide pas. Quel prénom désigne le pays de mon esprit ? Parfois, je suis la Marianne évanescente des paquets de Gitanes. La Marianne aux seins cancérisés, le coeur croustillé par le regard d'un chat.
Je suis Marianne. Les vacances c’est l’absence de parole. Retrouver la valeur des mots et du dire, ne plus parler pour ne rien dire sauf pour rire. Partir au plus près, au plus juste. Partir avec tout ce qu’il faut pour éviter d’adresser un mot ne serait-ce qu’à la boulangère. Economiser jusque dans les produits de première nécessité. Oui, bonjour, et pour vous ce sera ? Un euro dix, merci, bonne soirée, oui, bonjour, et pour vous ce sera ? Elle débite en boucle sa litanie stridente sauf lorsqu’elle parle aux enfants.
Après quelques jours, je recouvre l’espace de mon intégrité. Ne plus parler du tout, ça m’apaise. Ne plus parler du tout et j’entends mon pouls jusque dans mes chevilles. J’entends ma respiration en colonne vertébrale. Ne plus parler du tout, à mesure un pays s’installe qui ouvre ma bouche en sourire. Mes yeux sont des crayons de couleurs, je me tais et des paysages se précisent. Les peuples ont mes boucles brunes et courent en nomades. Dans leurs mains, sur leurs épaules ou sur leur dos, s’accrochent les animaux de ma terre. Ils s’engouffrent dans des courants de vent tiède et le soir, allongés sur le dos, tendent pieds et pattes vers la lune pour que ses rayons les massent. Puis ils s’endorment en amoureux au creux d’eux. Dans ce pays on parle avec les yeux verts ou bleus de la mer ; je n’ai vraiment plus rien à dire ni à ajouter, mieux serait insoutenable. Libérées de l'ancre des mots, les images virevoltent, se posent et je les colle. Je deviens Marianne, identité sans parole qu’on aimerait faire parler. Je deviens liberté, loin des sillons et du sang, moi Leila, je suis lait, je suis la d’une sonate, je suis Marianne, évanescente silhouette d’un paquet de Gitanes. Lorsque je reviendrai et qu'il faudra parler je serai l’enfant sans nom, de la bouche duquel sortent des pièces d’or à la place des mots.
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18 septembre- Revoici, revoilà
Revoici
Le roux aux arbres et leurs feuilles au visage
Revoici un soleil revenu à la modestie
Ses rayons en pinceaux habiles
Décalquent la ville en ombres subtiles
Paris quitte la mollesse, se redresse
Revoilà
Au matin ce court moment
Où le soleil et la lune se partagent un ciel pastel
Bataille rangée de lassos roses et violets
Le souffle froid réveille, bientôt il mordra
Nez, pieds et bout des doigts
Revoici
La nuit en rideau
Fin de la représentation
Les halos des bars meurent sur le trottoir
Le froid est ma saison
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17 septembre - P'tit poème
Billes, boules, bulles
Selon la main,
Sous le pull
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15 septembre- Peuple
Dans la nuit bleue de mes yeux clos
Marche le peuple des dunes
Sur les collines de sable et jusqu’au lointain
Leurs robes blanches tracent mon chemin
Etoiles brillantes le long de
La feuille fragile d’une nuit bleue
Peuple des dunes, d’une main cajole le ciel
D’un souffle expire une bulle, planète blanche
Qui monte, monte, s’envole et s’assoit
Peuple des dunes, mon peuple des lunes
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13 septembre- Fatigue
Fatiguée de se bagarrer
Car le bonheur loge au creux
Des instants de répit
Assez de rire toute la journée
Parce qu’au fond ce n’est pas drôle
Et qu’on ne demande jamais
Au clown de se démaquiller
Le fond est glue à mes paupières
Lasse d’écrire, ce n’est pas vivre
Les élans trop haut, les rêves trop beaux
Nous élèvent mais on descend seul
Fatiguée, égarée dans Paris
De pousser une nuit vers le petit matin
Pour qu’elle
tamise nos incapacités
colmate les fissures
Et que dans le noir, enfin, on se confie nos vérités
Pour que la mienne conserve l’éclat du soleil
Des yeux verts
Des yeux bleus
Que j'ai aimés
Je me bagarre comme je peux
Ris parce que c'est mieux
Rêve toujours de mieux
Ecris parce que je ne peux pas faire mieux
Et pousse une petite nuit vers un grand matin comme j’espère
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12 septembre- Souvenir (1)
Je devais avoir dix ans, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins, lorsque je pris conscience, frontalement, que la vie ne serait peut-être pas aussi simple que pour le Club des 5 et que les méchants poursuivis par Fantômette n’étaient que des brigands manichéens alors que l’existence déroulerait sans doute devant moi son lot de méchants subtils. J’avais déjà émis une réserve intérieure quant à l’immortalité du chien de François (ou de Nick ?), Dagobert, lorsque mon chat Pastel avait subitement disparu de mon quotidien, transformé le soir même en un nuage que j’avais vu filer dans le ciel. J’avais également assimilé l’idée de mes déconvenues à venir dans le domaine sentimental quand, à l’école primaire, les garçons précocement en proie à des quêtes identitaires et aux marasmes de l’âme qui naissent sur une humanité féconde et éraflée, assaillaient ma petite personne de doléances alors que moi j’étais secrètement amoureuse de Fabien Guy, simplement parce qu’il était beau. Voilà, ce cadre posé pour signaler que, à dix ans, déjà, je n’étais pas née de la dernière pluie ! Lorsque…
… je partis en colonie de vacances pour faire du cheval. Au niveau des vivants, je ne me souviens d’ailleurs que de mon cheval, Haïfa, une belle femelle camarguaise. Paix à son âme, elle fut des jours durant ma première amie féminine. Le dernier jour de la colo, allez savoir pourquoi, je fus chargée d’aller avec le "mono" faire des emplettes pour notre boum de départ. La vie était encore simple, aux allures d’un supermarché achalandé de bonbons où il suffisait de désigner les paquets pour qu’un homme, grand beau et fort, les mette dans le caddie et règle à la caisse avant de ramener princesse et friandises à bon port.
Une fois la mission accomplie, j’allais me doucher. Les douches étaient une enfilade de cabines et, alors que je briquais ce corps dormant (selon l’expression de quelqu’un que je connais bien,sans que toutefois je sache si elle cultive un lien avec une belle et un rouet…), j’entendis quelqu’un pénétrer dans le couloir des douches, en claquant la porte et en hurlant. (Ici, suspense).
«Qui a fait les courses pour la boum de ce soir ?! Elle est où la coooonne qu’a fait les courses pour la boum de ce soir ?!». C’est moi, mais évidemment, je ne le dis pas tout de suite (la vie m’apprit ensuite qu’il valait mieux même parfois éviter de le dire tout court). Je finis par émettre un timide « euh, c’est moi », en ouvrant ma cabine. Nue devant une fille habillée, inculpée de quelque chose, mais de quoi ?, face à une hystérique, je pris soudain conscience que, un jour ou l’autre, aujourd’hui peut-être, je mourrai. Bref. La fille me dit, toujours en criant : «et tu t’es jamais dit dans ta p’tite tête que y avait des gens qu'aimaient pas le chocolat ?!». (C'était une petite fille qui, sûre d'elle, parlait sans aucune négation).
- …..
- …..
Alors là, non. Je ne m’étais jamais dit qu’il y avait des gens qui n’aimaient pas le chocolat. Je pris la mesure de la désespérance de cette petite fille, évincée, à mesure qu’elle ouvrait les sacs de victuailles, de la boum à venir car je n’avais en effet choisi que des friandises à base de chocolat, mais également de sa colère disproportionnée parce que bon, ne pas aimer le chocolat, c’est tout de même de l’ordre du pas possible. Je me sentis coupable et pourtant si innocente, ayant fait tout ce que je pouvais pour que mes compagnons de chambrée se régalent…Je me demandai si le ce "tout ce que je pouvais faire" était véritablement honnête et si je ne devrais pas employer le reste de mon existence à tenter d'apporter une réponse quotidienne à cette question de Damoclès. Je m'interrogeai aussi sur la capacité de mon esprit à intégrer, dans l'avenir, l’ensemble des possibles du monde, même incongrues. Comment faire pour comprendre, intégrer, voire accepter, ce que je ne peux appréhender ni même formuler ? Il y a des gens qui n’aiment pas le chocolat ! Diiingue, non ? Elle n’avait qu’à le dire aussi, en amont, qu’elle n’aimait pas le chocolat, afin que je me familiarise, à mesure de mon périple en carrosse vers le supermarché, avec cette idée affilée.
Dans cet affrontement, sans doute ai-je inconsciemment arbitré de la manière suivante cette flopée de questions : les filles, vraiment, c’est bien trop compliqué et biscornu, elles ne disent pas les choses, calculatrices comme des lionnes dissimulées dans des fourrés (ou dans des couloirs de douche) à guetter une proie qu’elles acculeront de leurs propres responsabilités et désespérances (car, ne pas aimer le chocolat, c’est dur pour un enfant).
Quinze ans plus tard, peut-être un peu moins, peut-être un peu plus, un ami (car je n’eus alors que des amis sans –e-) me dit : «mais, toi aussi, t’es une fille !». Stupéfaction, consternation, yeux ronds… A quel point tout de même, les hommes, même les êtres chers, se laissent aveugler par les apparences… ! Dix-huit ans plus tard, peut-être un peu moins, peut-être un peu plus, j’eus ma première amie avec un -e-. Et vingt ans plus tard, peut-être un peu moins, peut-être un peu plus, ce matin exactement, la résurgence de cette anecdote me fit soudain prendre conscience que femme et homme étaient autant de clivages dépassés, et que ce matin, je me trouvais surtout, à ce feu, à avoir enfin l’âge de sortir avec le mono ! Et, qui sait, peut-être même avec le prof d’histoire ?
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9 septembre- Palace
Les marches du Palais de Justice
Mouroir des incapacités
A communiquer
Dans un dernier souffle
S'affrontent nos infirmités
Sur les marches du Palais de Justice
Dans un ultime
râle
sanglot
silence
cri !
Les vies se rangent par responsabilités
Etiquetées, affaires classées
Un homme descend les marches
Fend le bal de robes noires
Il pleure
Regarde Paris, hagard
Remonte pour s’asseoir
Et comme un enfant
La tête enfouie dans ses bras
Il pleure
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8 septembre- Horizon
J'écris pour
Croquer un horizon
Sur chaque jour
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7 septembre - La mer
La mer est mon sommeil
Planer en planche ou perdre pied
Rouge ou noir, salée
Rapporte sur ma plage
En houle ou vaguelettes
Regards, figures et odeurs oubliées
Coquillages, algues ou bouteilles jetées
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Eté 2008
L'été est fini, quelques images du mien, en chats et en instants... comme toujours
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31 août- Mots en vrac
Prendre le temps de prendre au temps
Quand lui reprend en un instant
Je ne suis que ce que je suscite
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28 août- Train
Le train file fluide
La lumière dorée d’un soir de fin d’été
Le ruisseau aperçu de soleil lézardé
Traversée d’un tunnel long et noir
Champs de blé
Clairières de vert monté en neige
Meules de paille, meuh de vaches
Le ciel est grand ouvert
Assoupie, au réveil où suis-je
La ville repère s’éloigne
Les racines se délient
L’herbe repousse sur mon bitume
Ailleurs méconnus
Fil rouge dans la contrée des sens
Le voyage sillonne mes mémoires
A la cime de l’âme affleurent les souvenirs
A chaque ville de halte
Chaque minute d’arrêt
Je voudrais pouvoir conter une histoire
Le regard élève des passerelles
Entre les temps
Je pars, laisse tout, descends
Roule, roule, roule
Ne m’arrêterai-je pas?
L’eau jaillit des terres
Pour arroser les champs
L’oiseau tente d’aller plus vite
Plus haut que ma pensée
Vitesse
L’existence a mon sens
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20 août- Ici
Il faudrait nous parler ; restons ici où nous pouvons nus parler
Revivre sur la terre des hommes et la traduction d’un regard
Il faudrait lester nos yeux de mots ; restons là, le regard flou
Revivre sur la terre des hommes les pieds englués dans demain
Il faudrait de défiance lier nos mains ; restons ici, sous l’arbre à bulles
Revenir sur la terre des hommes et au poids des corps
Il faudrait nous rêver immortels ; restons là, sur la crête des vagues
Revenir sur la terre des hommes où nous sommes souvenirs
Il faudrait se nourrir du passé ; je reste ici parce que tu y es
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18 août - Objet
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11 août- L'enfant
L’enfant dit
Quand je serai grand
Il ne sait pas alors
Qu’il est temps
Que sur son présent
Se jouent déjà
Aujourd’hui et demain
Bribes de souvenirs
En suspend l’homme est
Matière brassée de temps
Rencontres de moments
Se complètent ou se battent
Rivière ou bien torrent
Ouvrent grand les fenêtres
Abondance d’une vallée
Austérité d’un désert
L’homme est lande
Forêt de rencontre
Entre les temps
L’Histoire
Son histoire
Et celles des autres
Une histoire finalement
Comme s’en content
Les enfants
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10 août- (Long) message personnel (2)
C’était il y a deux ans
Dans ta rue au nom de fleur
Et sans lumières
Je savais dans le taxi
Traversant un Paris
Désert, il est tard dans la nuit
Désert, c’est août, ils sont partis
Je savais dans ce taxi
Jouer un moment-clé
De ma vie
Le ruban qui nous lie
Se tisse de circonstances
Un tas de oui
Une bouteille débouchée
Quand une heure avant
J’allais chez moi me coucher
De trajets en scooter sous la pluie
Des films pelotonnés sous la couette
Petits déjeuners au petit matin
Seule dans un troquet rue Lecourbe
L’hiver, l’été et toutes les saisons
Jamais on ne m’a tant laissée
La possibilité de me surprendre
De choisir sans enjeu
Ma liberté en terrain de possibles
Voilà comment nous nous sommes
A Noël 2006 retrouvés
A réveillonner ensemble
Autour d’un dîner improvisé
Lorsqu’à 19h nous nous apprêtions
Chacun de notre côté
A regarder un film pour étouffer
Le bruit des festivités
Jamais je n’ai eu tant de chances
Ou je ne savais pas voir
C’est que toi et moi
Ne cherchons pas de nous
Alors toi et moi trouvons
Ce nous parfois, même maladroit
Il est temps aujourd’hui
D’écrire un poème
Pour toi qui
Donnes peu mais me laisse prendre
Toi dont la présence
Sans excès ni tourments
Me remet en place
Réinvente ma féminité
Sur tes clichés
Mon visage apaisé
Il est temps car aujourd’hui
Y a-t-il plus simple que cela
S’éveiller le matin
Aux côtés de quelqu’un
En être bien surpris
S’enrouler dans l’instant
Dont la vie nous a révélé
La rareté
Des matins on en a eus
Mais celui-là c’est
La première fois
Où je dis j’ai besoin de toi
Maintenant à deux heures du matin
Et toi qui me dis je viens
Il aura fallu bien des moments
Et deux ans
Pour que tu sois là
Finalement bien plus que cela
Ma vie et la tienne se croisent
Au moment où l'on comprend
La valeur du temps
Et nos moments d’urgence
Je ne t'avais jusque lors
Jamais rien demandé
Quel est ce sentiment
Sans amour, profonde affection
Compréhension sans fards
Je me sens en pleine nature
Ramenée à ce que je suis
Toi et moi jamais n’avons marché dans la rue
Aucun de mes amis ne t’a vu
J’aurais pu auprès d’eux
T’inventer, amant-ami imaginaire
Et si un jour on me croyait folle
Il me faudrait donner ton
Numéro de téléphone
Je n’invente rien
Il faut cesser parfois
De rêver des histoires
De songer à des mieux
Reléguer les questions
Pour pouvoir se dire
Tiens c'est bon
Oui c'est simple
Tiens c'est là
Ce matin tu es là
Dans tes bras s’éloignent
Des tensions de moi
Que je ne soupçonnais pas
Simplement sans gêne
Ma main dans la tienne
Sans crainte ni jeu car
Il n’y a pas entre toi et moi
Le challenge du lendemain
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9 août- Espace
Longue nuit, vertige de l’espace
Je connais les mots
Opalescentes bulles
Lestées des dons
Du monde
Et je sais à présent
Le pouls du cours d’eau
La rumeur de l'abeille
L'effluve de l’herbe coupée
La chevauchée de nuages
En empreintes digitales
Et la paix qui court
De l’échine jusqu’au bout
Des mains
Je tisserai les passerelles
Hisserai des ponts
Pour pouvoir ramper
Jusqu’à cet instant-là
Je voudrais tant partir
Dormeuse du val d’un poète
Sans le dernier vers
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6 août- Message personnel
Hier soir dans ma boîte un CD et rien
Au matin je retrouve
Amertume et rancoeur
Voyageuses vagabondent
En l'âme terrain vide
Crevassée de cynisme
Il faudra les chasser
Je me demande
Comment et pourquoi
Nous en sommes là
Alors que toi et moi
Etions si loin de ça
Si loin d'eux
Si loin
Si loin des autres
Si loin
Un mois et pas un mot
Et les nuits qui éveillent
Le loup et puis l’agneau
Le noir et le néant
Tous mes rêves d’enfant
Révèlent la déchirure
Large et profonde
A la mesure de
Nous
Entre rires et montagnes
Notre amitié filait
La vie hisse les récifs
De ses intensités
On connaît toi et moi
Les boomerangs de l'excès
D'amour, de don
De colère et de rêves
Des claques dans la gueule
Qui t'arrachent la tête
Alors cette fois-ci
Je ne bougerai pas
Je sais que l'existence
Est parsemée de deuils
Et qu'il ne faut pas
Prendre le voile chaque fois
Sous peine de ne plus
Voir son propre visage
Je laisse la rupture
Patiemment et sans heurts
S'insinuer en moi
Solide sur tes solives
Forte d'une confiance
Dont tu m'as lestée
C'est toi qui m'as appris
A avancer
Hier malgré tout
Aujourd'hui malgré toi
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4 août- Mousson
La nuit me laisse là
Naufragée du sommeil
Il pleut fort dehors
Au cœur de l’insomnie
C’est la pleine mousson
Le ciel s’ouvre de gris
Sur les plantations de riz
Une moiteur en gouttelettes
Ruisselle sur mon cou
Le rythme de la pluie
Et puis cette eau partout
Sur la pierre du lavoir
Des femmes battent ma vie
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1er août- Châtiment
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31 juillet- Dans le noir
Dans le noir il la frôle
Lui conte son histoire
Il y a du bruit
Lui conte son histoire à l’oreille
Ses cheveux caressent son visage
Il lui conte une histoire
Ce n’est pas la sienne
Dans le noir
Il a ramassé les débris
Des histoires des autres
Et les a réunis
Chimère d’un soir dans un bar
Il lui conte son histoire
Et elle le croit
Elle le frôle dans le noir
Saisit sa main
Peu importe l’histoire
Pourvu qu’on la lui conte
Dans le noir
Elle pourra s'assoupir
Enfant apaisée après
Une journée
Longue comme des saisons
Et ses rêves commenceront
Par il était une fois
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28 juillet- Recette pour passer maître du soleil
Il doit y avoir du soleil, même peu.
En ce moment, c’est possible, dépêchez-vous
Passez du vernis incolore sur l’ongle du gros doigt de pied
Allongez-vous face au soleil comme pour bronzer
Levez la jambe gauche pour toucher le ciel
Fermez l’œil gauche
Ou bien levez la jambe droite pour caresser un oiseau
Fermez l’œil droit
Alors vous verrez
Un rayon de soleil s’accrocher à votre ongle
Un rayon de soleil au bout de votre pied
Tournez, descendez, dessinez, écrivez ou pourfendez
De ce rayon faites ce que vous voulez
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23 juillet- Bricolage (1?)
Donc, le bricolage existe, schématiquement, sous deux formes : le bricolage constructif et le bricolage déconstructif (et hop, j’invente un mot au passage). Exemple pour illustrer : on monte une étagère ou on démonte une étagère. Je me souviens avoir sur ce blog établi une liste des trucs énervants dans la vie, eh bien j’avais oublié le bricolage (et les déménagements aussi).
Hier, je me suis attelée au démontage des portes d’un placard, sept portes en tout. Un chiffre lourd d’une symbolique -les sept péchés capitaux, les sept nains, les sept jours de la semaine et… le huitième jour, les sept merveilles du monde et cette huitième qu’on attend toujours, le septième ciel…(sans commentaires)- qu’il me fallait d’abord mentalement évacuer pour me convaincre que je ne m’attelai là qu’à du bricolage déconstructif.
En équilibre précaire sur une chaise IKEA en plastique orange, j’ai entrepris le dévissage. Au début tout allait bien, je gambadais, alerte dans la prairie du bricolage déconstructif, durant trois minutes au moins. Puis je suis tombée sur une vis retorse. Une vis, métaphore de l’esprit du type qui avait dû monter ces portes : on serre les boulons, on ressert encore. Il devait être un p’tit peu énervé ce jour-là ou bien, chaque jour et tous les jours, ce n’était pas un marrant. De mon côté, je me suis demandé pourquoi la vie devait parfois se montrer si difficile et pourquoi dévisser une porte pouvait soudain devenir obstacle insurmontable dans mon humble existence. Et pourquoi il était laissé aux objets le droit de se montrer tout aussi rétif et alambiqué que les êtres humains alors que nous étions censés, en concepteurs, les dominer. Beaucoup de pourquoi donc.
Je finis néanmoins par venir à bout de cette vis et de mes pérégrinations mentales d’énervée, non sans transformer cette vis en défi personnel. Je me tournai alors pour m’atteler à la porte suivante pour m’apercevoir, vu sa disposition, qu’il me faudrait la dévisser de la main gauche ! Scandaleux. Un nouveau challenge pour bibi quand le démontage d’un placard devrait relever d’un simple fait, « hier, j’ai démonté mes placards. Point. ». Là, il m’a fallu réfléchir… Le tournevis dans la main gauche, je pris rapidement conscience du fait que mes bras n’étaient pas musclés, mais alors pas du tout, et repensai aux commentaires très utiles des copains lors des déménagements successifs. Au moment où, après avoir tenté toutes les positions pour attraper un carton lourd de livres, on le tient enfin bien en mains, une voix, masculine toujours, s’élève qui dit : « non, tu ne portes pas bien là, tu portes avec le dos, c’est mauvais, il faut porter avec les bras ». Debout, avec les 25 kilos bien calés, on attend que la fin de la diatribe soit suivie d’une action de délestage de carton, mais non... C’était juste pour parler, pour dire un truc. Je me disais donc que si j’avais « bien » porté tous les cartons bougés des années durant, je ne me trouverais pas fort dépourvue lorsque cette vis serait venue.
J’ai, à mon tour, eu recours aux subterfuges psychologiques pour avoir raison de cette porte de gauchère, imaginant à la place des vis tout un tas de faciès connus sur lesquels me dépenser : un à un, je les ai déboulonnés, au propre et au figuré. Et, après avoir égratigné le tournevis et le pas de vis, j’ai fini par enlever la porte. Et de deux ! Non mais dis donc…
C’est alors que, après avoir déposé la porte au sol, au moment où j’entreprenais courageusement la suivante, mentalement préparée pour affronter des nouvelles difficultés, je ne trouve plus mon tournevis. Je le cherche, restituant mes gestes depuis le haut de la chaise au sol où j’ai posé la porte. Mais, pour que la vie soit facile, le tournevis est transparent ! Pratique ! Là, je sens la moutarde me monter au nez et suis en passe d’appeler à l’aide. Mais je me dis : « allons, courage, tu en as vu d’autres ! Un tournevis ne saurait avoir raison de ton mental » (puis blanc), puis : « Argh, où qu’il est ce p… de tournevis ?! ». Car, logiquement, il est forcément quelque part…
Il va falloir, pour finir le travail, aller chez M. Bricolage pour acheter un nouveau tournevis et l’entreprise de démontage, qui devait nécessiter une demi-heure, va se transformer en soirée entière… Ah non, sur une planche que jamais je n’ai atteinte durant l’année où j’ai habité ici, je retrouve le tournevis, pas visuellement, tactilement, du bout des doigts. Mais là, voilà, j’ai perdu confiance. Remontée en équilibre sur ma chaise, à démanteler une autre porte de la main gauche, je me dis que je vais tomber, que ma tête va cogner contre la table, que je m’affaisserai sur le carreau et qu’on ne retrouvera mon corps que dans plusieurs jours, lorsque les pompiers commenceront à dénombrer les morts d’une éventuelle canicule. Que je mourrai, assassinée par la septième porte… Toutefois, ne pouvant souffrir d’annoncer à autrui que je n’ai pu démonter que trois portes sur sept, car il ne s’agit pas de la bonne moitié et qu’une seule manque pour que l’honneur soit sauf, j’attrape le tournevis et je tape contre la porte, trois coups vigoureux, et voilà, elle tombe.
Moralité : pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Résultat : KKhuette VS placard, KKhuette wins. Cinq portes sur sept démontées, ça s’appelle être une bricoleuse du mardi.
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22 juillet- L'écureuil bleu
Cet écureuil volant, je l’ai trouvé dans les affaires laissées par Aurèle après que nous nous soyons fâchés. Il dormait tranquillement entre les pages d’un livre, je ne sais plus lequel, mais je retrouverai. Par mails interposés, j’ai demandé à Aurèle d’où venait cet étrange petit animal. Dégradé de bleu sur tout son petit pelage, du bleu marine au bleu azur en passant par le bleu roi ou électrique (du côté de l’œil gauche, bleu également). Aurèle (qui regrette amèrement d’avoir oublié l’écureuil) me dit l’avoir trouvé dans une ruelle malfamée de New-York, aux abords d’un sex-club où il tentait, une nouvelle fois, de se fixer quant à ses orientations. Ce petit écureuil volant, Aurèle l’a vu tomber de la poche d’un personnage bien connu, Phalène, mais devant la masse dudit personnage, Aurèle a estimé qu’il saurait bien mieux s’occuper de ce petit animal délicat. Et voilà comment c’est finalement moi qui l’ai récupéré.
Il est petit, il tient dans le creux de ma main et apprécie particulièrement les grandes virées en cheval d’acier à la recherche des cybercafés. Il aime aussi s’endormir en se nichant dans le creux de mon genou droit (celui qui, d’un mouvement souple, me permet de parachever les fresques picturales dessinées par mon pied droit). Lorsqu’il s’endort, il ronronne comme un chat mais parfois il fait semblant de dormir et, alors que je m’assoupis, hop il me griffe ou me mord gentiment. Il semble très joueur.
Cet écureuil, il est petit mais je le soupçonne d’être encore un bébé écureuil, de sorte qu’il risque de grandir. Peut-être même que sa bouille va muter ? Je compulse les livres et articles sur le sujet sans trouver encore de réponse sur la taille définitive qu’atteindra ce p’tit être ni sur les transformations que pourra connaître son joli minois. J’ai seulement cru comprendre qu’il s’agissait d’une espèce particulière, fruit d’un mariage mixte entre marmotte des neiges et chat de gouttière. Sur sa p’tite tête, il a une houppe blonde et je l’imagine être « le blond » du troisième spectacle de Gad.
J’ai découvert il y a peu qu’il volait. Il semblerait que, parmi ses p’tites quenottes s’en trouve une particulière, offerte par un komodo dont il avait caressé les écailles. Le komodo souffrait depuis des années d‚une démangeaison dans le dos et ne trouvait personne, en raison de sa réputation de vilain dragon, pour le soulager. L’écureuil, candide, naïf et innocent, accepta et, en échange, le komodo lui offrit une dent. Chaque fois qu’il veut voler, l’écureuil titille cette dent et voilà c’est parti ! C’est grâce à ce procédé magique, que je n’ai pas encore identifié mais qu’il conservera tant qu’il n’aura pas donné sa langue au chat, que ce petit écureuil est parvenu, entre autres, à faire le tour du monde en 80 jours.
Bon, cet écureuil, je le découvre au fur et à mesure, et on essaie de s’apprivoiser. Il a l’air un peu timide mais il commence à gagner en assurance. Et il sait écrire ! Il est capable de rétracter ses griffes de chat pour taper sur un clavier. J’ai été surprise de voir qu’il a du vocabulaire et même du répondant, qu’il semble avoir acquis, entre autres, en s’endormant sur les mots et les histoires des quatrièmes de couverture des livres d’Aurèle. Evidemment, parfois il oublie des mots mais bon, en même temps, c’est un écureuil !
Cet écureuil ne mange pas de noisettes mais se nourrit essentiellement de sushis, de makis et autres chairs crues de poissons, ce qui me pose de sérieuses difficultés parce que je suis obligée de courir la cité sur mon cheval d’acier pour chercher de quoi le ravitailler. Parfois, je suis obligée de le laisser à la maison parce que, là où je vais, je crains qu’il prenne froid, qu’on me le vole ou qu’il tombe de ma poche. Parce que, plusieurs fois, l’écureuil volant bleu est tombé, lorsqu’il apprenait encore à voler. Depuis, il s’est familiarisé avec les chutes et ne les craint plus. Mais tout de même, je le ménage, parce que je veux tester ses limites de résistance avant de le confronter à l’extérieur et de le faire passer à l’action.
L’écureuil bleu, je le regarde comme un phénomène : en entomologiste, je l’observe. Ses yeux semblent tout le temps me sourire mais je ne doute pas du fait qu’ils cherchent aussi à me débusquer. Parmi tous les écureuils volants bleus, celui-ci a une particularité : il ne parle pas. Enfin, parfois il baragouine des trucs, du genre langue exotique que je ne comprends pas. J’ai beau le chatouiller, lui tirer les moustaches ou lui piquer la plante des pattes : rien. Mais il y a peu, miracle : une phrase ! Il m’a dit qu’il gagnait à être connu. Je lui ai alors répondu qu’on gagne toujours à être connu, et que la véritable question était plutôt : qu’est-ce que les autres gagnent à le connaître ? Il est resté sans voix.
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21 juillet - Cédric- Place des Vosges
Il y a longtemps maintenant et pourtant…
Si j’étais animal, je serais un chameau
Tu t’appelais Cédric et ça ne m’allait pas
Dans ma tête je t’avais surnommé p’tit chat
Tu avais des yeux bleus, un sourire poupin
Et des boucles de châtain
En me faisant rire tu as allumé
Une vaillance à l’aune d’un défi
J’attendais tes messages,
T’écrire, objet de mes journées
Te lire, onguent de mes soirées
Des rires, éclats d'enfance
Jeux de gamins tempérés
D'une douce sagesse
Ressuscités les monstres antiques
Les dragons, les flammettes
Crinières vertes et casquettes
Camus, chevalier d’or du Verseau
Les manteaux violets et les lourds bracelets
En commun des héros policiers
Pour toi dans la presse j’avais signé
Un article du nom de Fantômette
Clin d’œil à ciel ouvert survolant tout Paris
Je t’avais écrit l’histoire d’Aurèle et de ses amis
De leur écureuil bleu et elle t’avait ému
Tu m’avais demandé de lire
Les Cerfs-volants de Gary
Toi et moi dans le même espace temps
Jamais tu ne m’as déçue et pourtant
J’en ai tendu des pièges
Un soir nous avons dîné
C’était dans le Marais
La nuit avançant, tu m’as raccompagnée
J’ai voulu t’embrasser
Tu m’as repoussée
Et c’est le long des grilles
De la place des Vosges
Que nous nous sommes quittés
Là que mon écureuil bleu s’est envolé
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20 juillet - Laurent - Place Vendôme
Nous nous étions retrouvés place Vendôme
A l’époque, je lisais un roman qui débutait par la découverte d’un corps suspendu à la colonne de cette place
En t’attendant, j’ai failli rebrousser chemin huit fois au moins
L’endroit était désert, les bijoux eux-mêmes avaient abandonné leurs vitrines
Leur prix seuls, exorbitants pour du néant
Tout me semblait prémonitoire, il faisait froid, il faisait nuit
Et puis tes yeux verts en coquillages et un sourire effilé d'une ironie acérée
Impeccable dans un costume gris
Et tout ce qui allait avec, gentleman-cambrioleur d’une nuit
On s'est juchés à deux sur un moment nacelle
Sans futilité nous nous sommes racontés
De restau en bar, ta fille et ta vie là-bas, mes héros de polar et ma vie ici
Je ne parvenais pas à regarder tes yeux, je n’ai jamais bien su mentir
Tes paroles à mon égard en couteaux, tout chez toi découpait
Disséquée, émincée
Tu étais bloc d’une belle pierre, fissurée par endroits
J’aurais aimé avoir les outils du sculpteur ce soir-là
On a coulé ta pierre et mes morceaux de chair dans des étreintes tendres
En parenthèses du monde, de la douceur à en pleurer
S'arrête la pensée, repos du guerrier
Et la découverte au matin de l’aube hivernale sur Paris
C’est sous les arcades de la rue de Rivoli que nous nous sommes laissés
Sous les arcades de la rue de Rivoli que toi et moi nous sommes arrêtés
Un souvenir depuis est suspendu à la colonne de la place Vendôme
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18 juillet- Réveil
Au matin le songe a laissé là
Les fantômes des figures
Qu’il a lui-même édifiées
Et il faut se débrouiller
Obscurité barbouillée de clairs-obscurs
Virevolte dans une mémoire
Ensommeillée
Que dis-tu, parle plus fort
C’est moi que tu laisses-là
Devant une maison sans clés
Et qui dois démêler sur mon écheveau
Les moments que je vis
De ceux que je rêve
Au fond, ce sont bien les mêmes
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16 juillet - Animal hybride
Se pousse vers l’avant en tortue
Lorsque j’accélère
Mes jambes en pinces serrent le cheval d’acier
Mes yeux sont capables de jeter des regards vers l’arrière
C’est le caméléon
Je vole en oiseau, me faufile en serpent
Félin à l’assaut d’une ville laissée là par l’été
Je m’arrête pour que passent les piétons
Comme les vaches cessent de brouter lorsque passe le train
Dès que je monte dessus, les cinq sens en alerte
Eveillent l’animal hybride qui habite avec moi
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13 juillet - Regret
Je t’ai raté
Beau brun au regard bleu
Moi qui le matin même écrivais
Sur les croisées des chemins
Dans ce train j’aurais pu
M’élancer sur la corde
Tendue entre nos yeux
Te laisser dans les mains
Un morceau de papier
Le hasard est bien pingre
Et moi je savais bien que
Si je ne faisais rien
Je le regretterais
Et puis je n’ai rien fait
Ainsi trotte ma vie
Sans pouvoir s’arrêter
Là où les douces chaleurs couvent
Des aiguillons glacés
Au coeur où
Jamais la raison ne sait dompter
Des rêves en flots précipités
Si tu ne tends pas ta main
Je ne la saisirais pas
Et voilà qu’il est temps, déjà
De descendre de ce train
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11 juillet - Rues
Les rues se croisent
Moments
De rencontre
Tresses de chevelure
En parallèle j'ouvre
Les chemins
Perpendiculaires
Aux tiens
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10 juillet-Nouveau blog
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9 juillet- Les mouettes
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30 juin- Carnet de voyage (5)
Les vacances au soleil sont un retour au corps. S’adapte petit à petit à la chaleur, se découvre baigné de lumière. Pieds nus sur le marbre, le sable ou dans l’eau on retrouve le contact à la terre, redécouvre des points de rencontre, infimes comme autant de terrains de dialogue. Le sable polit, abrase, le vent décoiffe, le ressac tendre ouvre grand les oreilles et on sent les courants de la mer, ici tièdes et là frais. L’après-midi, allongé de tout soi sur le lit et non blotti, on fait la sieste, pour seul vêtement la brise de la mer filtrée par les volets entrebâillés. Le soleil donne bonne mine, en nageant ou en faisant la planche on s’étire en chat. Entre femmes, on s’occupe de ses cheveux, bouclés de sel, en faisant le henné, on enlève les peaux mortes au hammam, on s’enduit d’huile d’olive pour hydrater sa peau, on s’épile au sucre, on se met du vernis et on mâche des racines pour nettoyer la bouche. C’est le cerveau qu’on lave à mesure que le corps se détend, en témoignent les conversations entre marques de rouge à lèvres et tu savais que Julien Doré était avec la nana de la météo sur Canal ? Et comme il faudra rentrer, on se promet chaque fois de ne pas oublier, tout au long de l’année, de réitérer ces cérémonials… souviens-toi l’été dernier… mais à Paris l’eau est surtout dehors, en pluie.
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29 juin- Carnet de voyage (4)
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26 juin- Carnet de voyage (3)
Sais-tu dame aux énormes lunettes
Avachie sur la plage les seins à l’air
Que sous ce sable se cache mon enfance ?
Et que devant toi la mer déploie les bleus, les verts
Des yeux des hommes aimés ?
Les bouées, mes cousins petits garçons
Les méduses et la peur du scorpion
Les premières brûlures et sensations de noyade
Là s’arrêtent tous mes sentiers vers la mer
Tout au long de la vie nous sommes personnages
Car la peau se hâle à mesure du chemin
Certaines miettes de l’existence
Flottent paysage, odeur ou bien chanson
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22 juin- Carnet de voyage (2)
La plage en fin de journée, foulée
Le sable dessine des vallons
Epaules de femmes
Vallées d’un désert pour fourmis
Les enfants, profitant du dimanche
S’éloignent
Les oiseaux récupèrent le ciel
Et lui, retrouve sa mer
Paisible et claire
Le soleil fatigué
Largue ses derniers rayons
Soyeux et sans brûlure
C’est l’heure que je préfère
Pour me jeter à l’eau
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19 juin - Carnet de voyage (1)
Ici, c’est une Tunisie loin du tourisme. Le village est paisible, sinueux de ruelles, agréable. Le minaret est sobre, élégant, vert, les gens calmes et gentils. Malgré les creux et les bosses de routes, l’ensemble est doux. On croise et on entend, tout au long de la journée, des moutons, des vaches, des chevaux, beaucoup de chiens, des coqs. Pas de chats en revanche mais beaucoup d’oiseaux, toile de fond sonore du matin au soir. Il y a aussi beaucoup d’ânes qui broutent ou transportent personnes et marchandises. Sans parler de montagnes, mais plutôt de grosses collines, le paysage est vallonné et joue des teintes du vert sapin au marron clair, des cultures de légumes aux blés moissonnés. Ballots de paille, terre brune, sable, cactus et maisons blanches. Il y a ici tant de couleurs… Aujourd’hui, jour de marché, sont amoncelés dans la rue des kilos de pastèques, tomates, melons, pêches, pommes de terre, piments, fraises et prunes. Beaucoup sont ouverts pour laisser voir leur qualité et les ruelles sentent les fruits. Quant à la mer… La plage est déserte, à peine quelques familles du coin. Une étendue de sable fin, propre, pour une eau limpide où tous les bleus se sont donné rendez-vous, du marine au turquoise en passant par le bleu roi ou lapis… A l’horizon, le ciel, du bleu au blanc, azur, l’embrasse et offre un violet pastel. Sur la plage, il y a un petit restaurant où manger du poisson ou boire un café, tranquillement. La côte, au-dessus d’Haouaria, offre un très beau panorama sur la baie, sur l’écume blanche et crémeuse des flots qui se heurtent, en contrebas, sur la roche rouge. Le soir, la nuit vient tôt, une brise fraîche s’invite à la maison, j’entends le murmure nocturne des flots et la lune se hisse haut.
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14 juin- Le temps....
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9 juin- Bribes de 16e (2)
Les étourneaux tout d’abord, au sujet desquels j’avais écrit l’année dernière si ma mémoire est bonne. Ils sont là l’hiver, quelques minutes avant 17h puis entre 16h30 et 17h à mesure que les jours raccourcissent. Quatre mois durant, ils étaient mon horloge et leur vol, en groupe épais et virevoltant, mon morceau de nature sauvage dans la cour de l’avenue d’Eylau. Ils étaient beaux ces étourneaux, j’aimais leur vitesse de groupe en fusée, l’idée que leur envolée me renvoyait chaque soir : l’étourneau n’existe pas seul, il n’y a pas un mais des étourneaux. Je regrette de ne pas avoir noté, comme pour les hirondelles, le premier puis le dernier jours où je les voyais.
Toujours niveau oiseaux, j’observe, tous les matins depuis plusieurs mois, un énorme pigeon, propre sur lui, un pigeon version 16e. En toute discrétion, il se pose chaque matin sur les jardinières de l’immeuble d’en face et, de son bec en sécateur, coupe des herbes pour confectionner un nid qui ne semble jamais être fini. Mon pigeon (MON pigeon), je l’ai prénommé Sisyphe. Il a élu domicile au creux d’une corniche de fenêtre, tout à fait laide mais douillette et, il y a peu, j’ai enfin aperçu la raison de tant de labeur matinal, j’ai vu Mme Pigeon qui n'a franchement rien d'exceptionnel.
Côté animaux à quatre pattes, le chien est l’espèce prédominante de l’arrondissement. J’en vois beaucoup et en connais quatre. Vers 10h chaque matin, promenade de deux lévriers anglais. Ces chiens ne sont pas beaux, mais comme je ne fais pas plus de discrimination physique pour les hommes que pour les chiens… je les aime bien quand même. Ces chiens sont promenés par des « gens de maison » comme on dit. Cela se voit : l’homme qui les promène ne semble guère avoir conscience de la majesté de ces canidés et fume négligemment sa cigarette en attendant que les besoins se fassent. Ces chiens ne semblent pas toucher terre, ils foulent le bitume comme on marche sur de la soie (enfin, j’imagine). Même leur bout de nez… leur tête est si longue qu’il semble toucher les nuages. Ils ont un port altier, de l’allure mais ils n'ont, en revanche, pas l’être des gros fêtards. Ils croisent parfois un autre chien et le toisent avec superbe.
Celui-ci arrive vers 10h30, lui aussi à la laisse d’un « gens de maison ». Alors lui, c’est un bouledogue, ocre et blanc. Ras la terre, sa langue pend car il a toujours la gueule ouverte comme s’il avait soif et un petit filet de bave entre les canines. Il a des yeux marrons et globuleux tout à fait inexpressifs, des petites pattes bourrelées et il roule des fesses. Il marche assez lentement et semble dubitatif. Il se dandine. Autant le dire, il n’est pas très beau mais par contre, il a l’air d’être sympa : les gens (pas de maison, de la rue), des enfants, s’arrêtent pour le caresser et il attend, patiemment, que ce soit fini. Ce chien, c'est un chouette chien.
Enfin, dans un magasin juste en bas, qui vend des ustensiles de cuisine et où la première poubelle, bas de gamme, vaut 250 euros (sans compartiments de recyclage), il y a un labrador blanc. Depuis deux ans que je fréquente le quartier, je n’ai jamais vu ce labrador en position debout mais toujours affalé à l’entrée, en carpette. Il est beau, n’a pas l’air méchant du tout, juste un peu lascif et désabusé, les yeux fermés ou levés vers le ciel.
Et puis dans mon 16e, il y a un chat. Seulement un et encore il n’est pas toujours là, je le soupçonne d'être seulement de passage parfois à Paris mais de faire sa vie de chat ailleurs. Il habite le rez-de-chaussée d’un immeuble dans une rue derrière et se trouve parfois derrière la fenêtre. C’est un chat normal, un chat « de base », mignon, blanc et marron écaillé. Lorsque je fais des mouvements avec ma tête derrière les carreaux, il les reproduit comme pour me faire un énorme bisou du bout de son petit nez humide. Si je reste un peu à poursuivre mes mimiques, il finit par se mettre sur le dos, sur le bord de la fenêtre, et à se tortiller comme si je lui grattais le bidou. Ainsi lui et moi nous sommes-nous prodigué quelques câlins par procuration. Voilà, et avant de partir j’essaierai d’illustrer ce blog…
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