La confiance est contrée où peu accostent car il faut accepter d’y devenir aveugle. C’est Œdipe conduit par la main de sa fille Antigone sur les chemins caillouteux. C’est accepter que quelqu’un sache mieux que soi sur soi. Existent bien sûr les cailloux de l’erreur sur lesquels on glisse pour se relever plus vaillant. La confiance, c’est savoir qu’on préfèrera vous perdre pour que vous gagniez. C’est les mots ou les actes qu’on devine juste pour soi, qu’on sait avoir été dits ou commis ainsi par l’autre en fonction de ce qu’il a puisé, profondément, en vous. La confiance, c’est souffrir en sa chair les reproches et rejets de l’autre parce qu’on les sait légitimes. C’est rire et aimer en sa chair, dans toute son âme, parce qu’on devient légitime. La confiance, c’est ôter les œillères, ne pas chercher à comprendre, écouter et répondre en oubliant le "je". Générosité, donner, se donner et accepter de perdre. C’est pouvoir dire je t’aime, j’ai besoin de toi, en sachant que sur ces pierres l’autre se construira, ne les ramassera pas pour vous les jeter à la gueule. Et lorsqu’on a connu cette contrée, on a la force de coloniser toutes les autres. Et on a trouvé une raison d’être passé par là.
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