Vivre avec des héros de papier. A chaque page défient l'éternité alors que d'éternité il n'y en a point car le volume a un nombre de pages qu'on tient en main. Défient la mort alors qu'ils ne peuvent mourir, la mort est de papier, elle a l'allure du simple mot fin graphié. Les héros de papier sont cocottes ou cerfs-volants, peuvent tout faire, vivre et dire. Seul le lecteur est en danger qui comprend, vit et entend. Tout. Quand devient-on fou? Lorsque quelqu'un dit "il est fou", comme pour la maladie incurable qu'on a couvée des années durant et qui terrasse dès qu'on apprend qu'elle est en nous? Lupin a marché près de moi si longtemps. Son éternité c'est moi. Sa mort aussi. Et quelques autres. Je leur parle, me répondent. Les héros de papier et les auteurs morts; phrases, mots, utopies maturés en matière. Mais il faut prendre garde à la vie en lignes tracées. Essayer de trouver les héros de papier ou auteurs décédés dans la rue, dans tes yeux, au détour d'une phrase. Faire de toi et des autres des héros intérimaires. Si je couchais les héros qui gambergent dans ma tête sur la papier, alors je deviendrais forcément moi aussi un auteur décédé. Morale de la réflexion: dans la vie, faut coucher pour se coucher en paix.
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