Mon collègue Mickael travaille « ici » depuis quinze ans et il en a trente-cinq. Quinze ans qu’il vient travailler dans ce quartier du 16e arrondissement, vue directe sur la tour Eiffel, à quelques mètres du lycée Janson de Sailly. Il regarde autour de lui, tout le temps et, du coup, il connaît les gens du quartier comme si lui-même y habitait.
On se met sur le balcon, on regarde et on commente comme deux mégères, activité facilitée par une rue en permanence embouteillée, où on klaxonne, on s’engueule, on descend, où on s’arrête pour assister au spectacle. Il y a l’énorme concierge de l’immeuble d’en face qui, dès 8h30, prend place sur le capot d’une voiture garée là, au risque de le déformer, et passe sa matinée à téléphoner, un balais à la main, à dire bonjour aux résidents de l’immeuble et à commenter l’activité de la rue ou la trajectoire aléatoire du soleil.
Il y a un homme d’une cinquantaine d’années qui tient une boutique d’antiquités où il n’est jamais : toujours en train de déambuler dans le quartier, en T-shirt, un cigarillo aux lèvres, à serrer les poignes et à discuter avec les tenanciers de la brasserie, la concierge, tout le monde.
Il y en a aussi un qui, lorsqu'il sort, semble considérer l'avenue comme le podium d'un défilé pour Dior et se prend pour Aldo Maccione tout en ayant la gueule de Georges Décrières dans Arsène Lupin. Panama, costume trois pièces, chaussures en daim, parapluie à la main, il remonte la rue et, chaque fois qu’une vitrine se présente, il se jette un petit coup d’œil. Parfois, il fait même un petit entrechat discret et se retourne sur les mannequins qui arpentent le quartier.
Dans l’appartement en face de nous, une famille libanaise m’a expliqué Mickaël, travaillant vraisemblablement pour l’ambassade. Quatre enfants, trois filles et un garçon, que Mickaël a vu naître, et un défilé de domestiques : la bonne en tenue le matin, le jardinier pour les fleurs du balcon l’après-midi et, en fin de journée, défilés des précepteurs pour les enfants qui nous regardent sur le balcon alors qu’ils devraient apprendre leurs leçons. La mère est une belle femme, qui a bon goût et gesticule théâtralement lors des engueulades avec les ainées. L’appartement, il paraît, fait 150 mètres carrés a minima...
Voilà, quelques personnages de ce quartier, découverts grâce à Mickaël. Il y a aussi le facteur, dont j’ai oublié le nom, fidèle au poste depuis dix ans, et Mickaël me livre moult anecdotes sur les immeubles alentours : celui-ci a pris feu il y a quelques années, celui-là a été entièrement cambriolé, tableaux de maître dérobés, etc., celui-là a été reconstruit, avant ici, à la place de l’hôtel il y avait un restaurant… Et les anecdotes glamour... Carole Bouquet et Michel Blanc des jours entier dans la rue où on tournait "Grosse fatigue" ou "Nettoyage à sec", je ne sais plus, Zidane qui habite à côté et que l'on croise parfois à la galerie marchande, et bien d'autres puisque notre avenue, est la plus réquisitionnée pour tourner des films, dans l'axe direct de la Tour Eiffel. Régulièrement, camions et caméra se l'octroient. Alors, finalement, on bosse dans un décor de films! Et moi je ne savais pas qu’on pouvait, à force d’y venir et d’y rester, s’imprégner autant du quartier où on travaille.
On se met sur le balcon, on regarde et on commente comme deux mégères, activité facilitée par une rue en permanence embouteillée, où on klaxonne, on s’engueule, on descend, où on s’arrête pour assister au spectacle. Il y a l’énorme concierge de l’immeuble d’en face qui, dès 8h30, prend place sur le capot d’une voiture garée là, au risque de le déformer, et passe sa matinée à téléphoner, un balais à la main, à dire bonjour aux résidents de l’immeuble et à commenter l’activité de la rue ou la trajectoire aléatoire du soleil.
Il y a un homme d’une cinquantaine d’années qui tient une boutique d’antiquités où il n’est jamais : toujours en train de déambuler dans le quartier, en T-shirt, un cigarillo aux lèvres, à serrer les poignes et à discuter avec les tenanciers de la brasserie, la concierge, tout le monde.
Il y en a aussi un qui, lorsqu'il sort, semble considérer l'avenue comme le podium d'un défilé pour Dior et se prend pour Aldo Maccione tout en ayant la gueule de Georges Décrières dans Arsène Lupin. Panama, costume trois pièces, chaussures en daim, parapluie à la main, il remonte la rue et, chaque fois qu’une vitrine se présente, il se jette un petit coup d’œil. Parfois, il fait même un petit entrechat discret et se retourne sur les mannequins qui arpentent le quartier.
Dans l’appartement en face de nous, une famille libanaise m’a expliqué Mickaël, travaillant vraisemblablement pour l’ambassade. Quatre enfants, trois filles et un garçon, que Mickaël a vu naître, et un défilé de domestiques : la bonne en tenue le matin, le jardinier pour les fleurs du balcon l’après-midi et, en fin de journée, défilés des précepteurs pour les enfants qui nous regardent sur le balcon alors qu’ils devraient apprendre leurs leçons. La mère est une belle femme, qui a bon goût et gesticule théâtralement lors des engueulades avec les ainées. L’appartement, il paraît, fait 150 mètres carrés a minima...
Voilà, quelques personnages de ce quartier, découverts grâce à Mickaël. Il y a aussi le facteur, dont j’ai oublié le nom, fidèle au poste depuis dix ans, et Mickaël me livre moult anecdotes sur les immeubles alentours : celui-ci a pris feu il y a quelques années, celui-là a été entièrement cambriolé, tableaux de maître dérobés, etc., celui-là a été reconstruit, avant ici, à la place de l’hôtel il y avait un restaurant… Et les anecdotes glamour... Carole Bouquet et Michel Blanc des jours entier dans la rue où on tournait "Grosse fatigue" ou "Nettoyage à sec", je ne sais plus, Zidane qui habite à côté et que l'on croise parfois à la galerie marchande, et bien d'autres puisque notre avenue, est la plus réquisitionnée pour tourner des films, dans l'axe direct de la Tour Eiffel. Régulièrement, camions et caméra se l'octroient. Alors, finalement, on bosse dans un décor de films! Et moi je ne savais pas qu’on pouvait, à force d’y venir et d’y rester, s’imprégner autant du quartier où on travaille.
1 commentaire:
Chez nous dans le 18ème arrondissement, le popu, pas celui de la mairie ni des Abbesses, nous avons aussi nos tournages...mais ce ne sont pas les mêmes films...plutôt du polar, du qui saigne, avec interpellations musclées et dealers. Régulièrement. Le soir, avec projecteurs et pluie "artificielle".
A chacun sa réputation
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