La rue a été désertée, un vilain crachin pique le visage, le ciel s’assombrit, s’avance la nuit. Un homme marche. Attaché-case à la main, costume marron clair, cravate, cheveux blonds courts, petite quarantaine. Sort du travail, rentre chez lui, cela se sent, se sait, et il regarde ses pieds comme s’ils allaient le conduire vers un ailleurs insoupçonnable. Longe les grilles du parc, lève le nez, ralentit, hésite, s’arrête. Dépose l’attaché-case sur le trottoir mouillé, glisse sa main entre les grilles. Du bout des doigts, il attrape la tige d’une plante et, délicatement lui fait traverser la grille, l’enroule autour des barreaux d’acier. Sans la briser ni même froisser le bourgeon. Lui offre un tuteur pour qu’elle ne tombe pas, qu’elle s’élève fièrement. Puis reprend l’attaché-case, de la main droite caresse le bourgeon comme le téton d’une femme et repart. Est-ce ainsi chaque soir?
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