25 octobre- Promenade

On aura remarqué que j'écris moins en ce moment... mais je fais des photos. En voici quelques unes de Paris, images/instants qui pourraient illustrer bien des textes de ce blog.

24 octobre- Dédicace

Aujourd'hui, spéciale dédicace à Nadjma, à KKhuette, à tous les chats du passé, du présent et ceux à venir... (2 clics sur play, uniquement la première animation)

23 octobre- Le soleil vient de se lever

Dans mon rétroviseur
Ce matin le soleil s'est levé
Luciole mordorée
De la pointe d'un rayon
A redessiné les silhouettes
Des ponts et du Grand Palais
D'une mine orangée
Serrant Paris dans ses bras
Phébus la rend firmaments

17 octobre- Série lettre ouverte à (1)

Cher Martin,
Pendant que tu écris et vogues en mer baltique, tout ça pour revenir et pouvoir crâner en bobo du 11e arrondissement, alors qu’il s’agit de deux activités inutiles et tout à fait dignes d’un intermittent du spectacle, sache qu’ici il se passe des choses. Imaginons d’abord ton périple : il fait gris, froid, humide, ça sent le sel, le poisson et les odeurs de vie d’un équipage confiné là pour des semaines. Tu as du vomir déjà trois fois au moins, sur le pont tu affrontes la bruine pour guetter la trace de MON ours, mais rien. Mais alors, rien de rien, nulle part, à bâbord, à tribord, seulement le ciel où des milliers de canards se sont pendus. Néanmoins, n’oublie pas de dire bien fort les bras ouverts: « je suis le roi du monde ! » à un moment donné, afin de définitivement sceller ton destin à celui du 7e art. Si tu peux, au point le plus haut du navire, crie que tu existes parce que là où tu te trouves, il faut avouer que ce n’est pas une évidence. Tiens, je vais acheter une mappemonde, c’est joli une mappemonde.

As-tu déjà reçu les avances du capitaine du navire ou d’un de ses matelots? Si non, cela ne saurait tarder. A mon avis, remballe jeux de mots, cynisme, humour noir et degrés de conversations si tu veux conserver tes degrés… de latitude. Alors qu’ici… Ici, il pleut mais il fait doux, ça sent les feuilles mortes en tas sur les boulevards, la lessive devant le pressing, le crottin fumant boulevard Sully-Morland. Ce matin, j’ai fait du scooter (tandis que toi, niet), la course avec une mouette, vu la Seine écumer et des canards, pas du tout dépressifs, s’envoler en effleurant la surface de l’eau. Je me suis aussi battue avec une feuille qui m’a littéralement agressée, bref, c’est peu dire qu’il se passe des trucs. Tiens, as-tu vu une seule feuille depuis ton départ ?

Pendant que tu es SEUL à écrire sur ton bateau, j’ai rencontré un voyageur, caressé un chien, parlé à un boulanger et envoyé mes écrits pour qu’ils ne soient plus seuls. Ce week-end, lorsque tu t’éveilleras dans les bras du capitaine Chabal et que tu mangeras tes harengs en petit déjeuner, j’attaquerai vers 12h un petit-déjeuner bien français, avec du PAIN et des croissants. Le soir venu, peut-être savourerai-je la choucroute nouvelle, miam… A propos, hormis les harengs, tu manges quoi ? Dois-tu tuer pour te sustenter ? Les nuits sont longues, non ? Le bruit des flots verts, la cheminée qui siffle, les portes des cabines qui claquent, le lit qui tangue, le maigre repas lyophilisé qui remonte, la couverture trop petite, l’humidité pénétrante et ta lampe de poche cassée. Allez va, j’irai boire un verre à ta santé dans ton bar préféré où il y aura plein de monde pendant que toi tu seras bien tout seul devant ta page blanche. Tu sais, il faut rompre les clichés du poète maudit et s’affranchir de la lueur vacillante de la bougie : nul besoin de souffrir pour écrire (ah, je ris de me voir...)! De fait, à ton retour, si tu reviens car enfin rien n’est moins sûr, tu seras heureux de m’avoir pour amie car je te présenterai alors le cercle des poètes de la Caravane et, éventuellement, faciliterai ton intégration.

Donc non, je ne t’envie pas le loin ni le moins du monde dans ta prison flottante. Si tu peux, envoie-moi un mot juste pour me dire que non, non, en plus tu ne vois ni phoques, ni pingouins et surtout aucun ours blanc. Aucun !

12 octobre- Intervention pompeuse

La littérature, comme le reste et les êtres, ne m'intéresse que si elle me nourrit. Il ne s'agit pas de la brandir, de l'étaler: un livre se vit, s'éprouve intimement, au mieux sort-il de soi en actes ou en partage. Un auteur n'est pas une marque à arborer parce que son propos ou son nom sont soi disant actuels; il s'éprouve au-delà des siècles, des étiquettes, des genres et de la critique.

Actuellement, je relis (car il faut relire, sans cesse, les livres qui ont marqué l'âme d'un sceau ou d'un cachet: ce ne sont jamais les mêmes) les pages d'un auteur mentor qui ne cesse de m'apprendre et de m'altèrer autant que s'il était vivant, face à moi dans une conversation. Deux passages m'ont émue, je les partage...

"La pensée poétique est l'ennemie de la patine et elle est perpétuellement en garde contre tout ce qui peut brûler de l'appréhender: c'est en cela qu'elle se distingue, par essence, de la pensée ordinaire. Pour rester ce qu'elle doit être, conductrice d'électricité mentale, il faut avant tout qu'elle se charge en milieu isolé."

"un détour par l'essence, telle qu'on l'éprouve chaque fois qu'est mise en péril l'existence individuelle ou même la poursuite de toute chance particulière dans le cadre de cette existence. Je dis que lorsque la nature des événements tend à leur faire prendre un tour trop douloureux les façons personnelles de sentir se trouvent malgré elles un refuge et un tremplin..."

Un jour peut-être, écrirai-je sur lui. En attendant, comme vous n'aviez rien à faire ce week-end, voici au moins de quoi méditer (un livre, le mien si possible).

11 octobre- Voici venir

Clop, chlaq c’est mon pied dans la flaque
Shliss, la roue glisse sur les feuilles
Voici les brumes hivernales
Qui emmitouflent Paris
L’odeur entêtante des feuilles mortes
L’antre du foyer
Dans les cafés, effluves de chocolat, de thé

Dans les bars on se serre
Sur les boulevards, craquent les marrons chauds
Et ce matin spectacle rare à Paris
Un rouge-gorge s’est posé sur ma rambarde
M’a fait la danse qui annonce le froid
L’hiver est la saison que je préfère
Parce que ça rime

5 octobre- Expédition

Je rêve
Blanc
Le silence en ciel
Le froid qui fige et serre
De l’absence de ville
De l’eau crûe et limpide
La glace craque et fend
Le soleil qui s’ouvre sur la banquise
Du loup, du phoque et de l’ours blanc
Je rêve l’évidence
Voyage vers le grand froid

3 octobre- Larmes de crocrodile

Ne dis pas qu’il n’y a rien
Tu as les yeux cernés
Des poches de sanglots dessous
Veux-tu une aiguille pour les percer
Laisser s’écouler les larmes de crocrodile ?
La bonne crise comme quand on était gosse
Avec le nez qui coule, les hoquets

Le regard rivé au sol, hagard
Les nœuds dans la gorge
Le bégaiement
L’incapacité à prononcer un mot
Et à se reprendre
Les joues rouges, les petits yeux
Le visage mouillé
La mine dévastée
Allez hop, faut y aller

Expulser
J’ouvre le bras droit
Tends l’épaule
Lâche et pleure
Des seaux de tout ton soûl

1er octobre- Marseille

La ville a des yeux bleus
Qui scintillent de vert
Battu, le ventre est remué

Par un mistral en lames
Ville bruyante
Voitures, échos, roulement des flots
Le sifflet de la mouette
Le bateau qui fend l'eau
Le calme consolant du parc du Pharo
Dans une cour, un jardin
Au cœur de la cité
Frissonnent les lézards
Au matin, les oiseaux
Hissent le soleil très haut

Des couleurs en combat
Soleil et ciel azur
Calcaire des roches
Façades d'immeubles
Contre le bleu de l'eau
Ca fleure le goudron et le pot d'échappement
Les poubelles et l’urine
Le poisson et le sel
Le souffre des buissons
Les voyages du vent emmêlent les cheveux
Marseille c'est l'apaisement
Le soleil sur la peau
La mer à perte de soi
Les bateaux la sillonnent
Entrent et sortent du port
Comme on joue de la vie